VIVENDI UNIVERSAL : DANS SON
UNIVERS IMPITOYABLE, LE SACRIFICE D’UNE DES RARES START-UP INTERNET QUI REUSSIT
À L’AUTEL DES INTERETS PARTICULIERS
UNE START-UP QUI NE « FLAMBE » PAS
Cinestore la plus grande boutique on-line Cinéma, séries TV et cartoons créée en
août 1994 par 2 jeunes entrepreneurs indépendants, s’adosse au Groupe Vivendi
Universal en 2000 pour assurer sa croissance.
Chez Cinestore, pas de flambe. Des locaux exigus. Un personnel polyvalent
orienté vers la satisfaction du client. Tous les moyens sont mis au service du
principal objectif : accroître le volume des ventes pour atteindre le seuil
critique d’équilibre, tout en investissant dans la logistique qui assure la
satisfaction et donc la fidélisation des clients. En 3 ans, l’équipe (28
personnes pour un CA de 7 M€) accroît de 200 % son chiffre d’affaires.
L’équilibre visé devrait être atteint cette année, conformément aux prévisions.
CINESTORE EMPORTE DANS LA TOURMENTE DES DEBOIRES DE VIVENDI UNIVERSAL
Été 2002. Rien ne va plus pour le groupe Vivendi Universal. La nouvelle équipe
de direction mise en place par JR Fourtou s’engage à réduire au plus vite la
dette colossale du groupe en lançant un gigantesque programme de cession
d’actifs. Cinestore est alors noyé dans la déconfiture des actifs internet de
Vivendi Universal, au sein de Vivendi Universal Net. Allocine, l’ex-filiale «
flambeuse » de canal + spécialisée dans la réservation de billets de cinéma en
ligne (70 personnes pour un CA de 7 M€ et des pertes colossales), dont la
situation financière est dramatique, tente via le biais des cessions de se
rapprocher de Cinestore pour former un nouvel ensemble Allocine / Cinestore. Un
nouveau dirigeant commun est mis en place. Si ce n’est pas l’intérêt de
Cinestore, c’est bien celui de Vivendi Universal qui espère ainsi céder
l’ensemble et éviter d’être obligé de conserver Allocine et ses pertes…
UN MANDATAIRE SOCIAL VENDEUR ET ACHETEUR QUI CONFOND LES INTERETS DE L’ENTREPRISE
ET SES INTERETS PARTICULIERS
Mandaté pour présenter les sociétés et leurs stratégies aux éventuels acquéreurs
dans le cadre de la cession du nouvel ensemble, Bertrand Stephann semble
confondre vitesse et précipitation. Doit-on voir de la collusion dans le test
puis la mise en œuvre de la délocalisation de la logistique de Cinestore dans
une filiale du repreneur potentiel, puis avéré alors que le même Bertrand
Stephann reconnaît investir personnellement dans la future structure de reprise
? Vivendi Universal cautionne-t-il un processus de vente piloté par un
mandataire social juge et partie, acheteur et vendeur ? Au-delà même du LMBO (leverage
management by out) proposé par la direction d’origine de Cinestore, y a t-il eut
d’autres offres de reprise plus intéressantes pour les actionnaires de Vivendi
Universal ? L’opacité du processus de vente ne permet malheureusement pas de
s’en assurer.
UN MANDATAIRE SOCIAL QUI SE COMPORTE EN COWBOY AU MEPRIS DES REGLES SOCIALES
FRANCAISES
Tous les moyens semblent bons à Bertrand Stephann pour écarter celles et ceux
qui le gênent… Deux procédures de licenciement et une mise à pied à l’encontre
de l’un des dirigeants co-fondateurs (alors même que la première procédure est
suspendue pour permettre à l’intéressé de faire une offre de rachat), retrait
des pouvoirs décisionnaires de l’autre dirigeant co-fondateur sous prétexte de
conflit d’intérêt entre ses pouvoirs de direction et son projet de reprise
(alors que le mandataire est lui-même dans la même situation), enlèvement des
outils de travail des salariés en grève (serveur informatique, ordinateur de la
comptabilité…), intervention des prestataires extérieurs pour briser / masquer
la grève, changement de serrures du siège et fermeture brutale des entrepôts du
stock… et enfin, retrait des messages d’information visant à informer les
clients de la grève en cours et de ses conséquences (problèmes de livraison…),
conduisant à la perte de crédibilité du site.
Sommes-nous dans un pays de droit ou en pleine jungle ?
VIVENDI UNIVERSAL, UNE MAISON-MERE AVEUGLE, SOURDE ET MUETTE
Avant de se mettre en grève, les salariés de Cinestore ont alerté la Direction
de VU Net … En vain.
Avant de se résoudre à communiquer dans la presse, les salariés de Cinestore ont
alerté la Direction de VIVENDI UNIVERSAL … En vain.
Les salariés ne comprennent pas que la Direction de VIVENDI UNIVERSAL privilégie
le moins-disant social pour un coût équivalent. Les dirigeants fondateurs de
Cinestore, soutenus par les salariés, ont en effet proposé de reprendre
l’ensemble Allocine / Cinestore en offrant les mêmes garanties financières à
Vivendi Universal que celles contenues dans le projet actuellement retenu. En
revanche, l’offre de reprise des dirigeants fondateurs assure le maintien de
l’emploi de l’ensemble des salariés alors que celle du groupe CITA envisage le
licenciement au minimum de 19 salariés sur 28…
Des entreprises du groupe (Club Dial) n’auraient-elles pas un intérêt certain à
reprendre ces entités à des conditions aussi avantageuses, les acquéreurs
potentiels ont ils eu connaissance des conditions de cession possibles (du type
de celles accordées au repreneur actuel ), l’appel d’offres concernant cette
vente a-t-il réellement été effectué dans le bon sens, il est difficile de
penser qu’aucune société du type de Amazon.fr ne ce soit manifestée malgré
l’intérêt déclaré à plusieurs reprises.
Si les pratiques plus que douteuses mises en œuvre par Bertrand Stephann en sa
qualité de mandataire social ne sont pas sanctionnées par sa maison mère qui
laisse faire, qu’en est-il des autres cessions mises en œuvre au sein du Groupe
? L’intérêt particulier prévaut-il aussi dans les autres processus de cession ?
Est-ce le règne de la gestion « copains -coquins » ?
|