Match Point de Woody Allen est un film intéressant et troublant. A travers ce thème (a priori) éculé qu’est l’adultère au sein d’un couple, Allen raconte aussi l’insertion de deux personnes de classe moyenne dans un milieu aisé. Ces deux personnes sont Nola et Chris, interprétés respectivement par Scarlett Johannson et Jonathan Rhys-Meyers.
Toute l’histoire du film tourne autour du dilemme auquel est confronté Chris : parvenu dans un monde qui n’est pas le sien par le biais de sa femme Chloe (Emily Mortimer), il acquiert un style de vie confortable grâce à son beau-père (un très bon Brian Cox), lequel a "aidé" Chris a obtenir une place de choix dans son entreprise. Mais Chris tombe (bien évidemment) amoureux de Nola, la fiancée de Tom (Matthew Goode), le frère de Chloe. Et si Chris quitte Chloe pour Nola, il renonce aussi à son nouveau statut...
Scarlett Johannson et Jonathan Rhys-Meyers illuminent le film par leur jeu subtil et leur sensualité. En comparaison, les "bourgeois" sont montrés comme des gens plutôt superficiels, trop soucieux des apparences et ennuyeux, voire pathétiques (comme par exemple le personnage de Chloe qui, voulant absolument avoir un enfant de Chris, en vient à calculer les moments propices pour faire l’amour...) et les comédiens représentant cette caste de la société s’en sortent très bien aussi dans l’art de se rendre détestables.
Esthétiquement, la mise en scène d’Allen est simple mais judicieuse, comme par exemple ce plan qui nous montre la belle Nola sortant de la luxueuse résidence de ses beaux-parents pour s’isoler à l’extérieur alors que la pluie fait rage, sous le regard de Chris, qui est quant à lui à l’intérieur dans l’obscurité, la caméra se déplaçant lentement derrière lui. Simple et efficace. Par ailleurs, la ville de Londres offre un potentiel énorme exploité avec talent par Allen, comme a su le faire récemment, et sur un thème similaire, Mike Nichols dans Closer.
L’intrigue du film peine à démarrer, mais la surprise est d’autant plus forte lorsque le film prend un virage à 180 degrés dans une scène-clé dont il serait malvenu de révéler quoi que ce soit. Allen a pris le parti de surprendre tout le monde, et même si le choix du personnage principal est contestable, il s'explique par la personnalité versatile de celui-ci.
Match Point est un film qu’il est préférable de voir l’esprit vierge, et en vertu de cela, j’arrête ici ma critique. Trop tard depuis cinq paragraphes me dit-on. Soit. Autant conclure alors : Match Point m’a légèrement refroidi par son rythme un peu mollasson auquel je ne m’attendais pas. Néanmoins, les dialogues sont très bien écrits, et malgré quelques baisses de rythmes, on ne s’ennuie pas à proprement parler. Notez que le film gagne beaucoup à être vu une seconde fois : revoir l’escalade des sentiments de Chris envers Nola en sachant comment l’histoire se termine est un plaisir qui ne se refuse pas...
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