Comme tous les grands cinéastes américains, Steven Soderbergh ne perd rien de sa personnalité ni de son style en signant un film de genre ultra-référencé ( le braquage ). Sur un canevas d'un classicisme absolu - à peine sorti de prison un as du braquage fomente un casse historique à Las Vegas et constitue son équipe d'éminents spécialistes-, Soderbergh tisse de multiples fils narratifs qui déjouent constamment notre attente. A l'image des décors mensongers et kitschissimes de Las Vegas, le cinéaste collectionne les faux-semblants, manipule notre perception, nous entraîne dans un crescendo dramatique irrésistible. Durant deux heures, Soderbergh joue divinement avec le pouvoir illusionniste du cinéma et, mine de rien, délivre une fiction qui est aussi, en creux, une réflexion sur l'art de la mise en scéne. Preuve ultime de son talent : les ambitions cachées de ce film de gangsters mémorable ne contrarient jamais le plaisir intense et necessaire du spectacle. Bravo l'artiste !
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