Une petite église. Un petit village niché dans une vallée. De superbes arbres au feuillage mordoré. Un petit garçon qui se promène, armé d'un fusil interplanétaire. Trois coups de feu qui claquent et, enfin, la découverte d'un corps. Celui de Harry.
Mais qui a tué Harry ? Le capitaine Wiles en tirant sur un lapin ? Jennifer Rogers qui fut la femme d'Harry et le frappa à la tête ? Miss Gravely qui a, elle aussi, frappé Harry mais cette fois avec une chaussure ?
Les personnages du film et Hitchcock le premier n'ont aucune commisération pour cette victime dont on enterre et déterre le corps à plusieurs reprises au fil du film, comme s'il ne s'agissait que d'un objet encombrant. Plus symptomatique encore, aucun de ces sympathiques habitants du Vermont n'a un seul instant l'idée de se confier à la police. La mort d'Harry fait au contraire des protagonistes du film un microcosme collectivement coupable, de meurtre ou de complicité de meurtre.
"Mais qui a tué Harry ?" se présente comme une pause dans l'oeuvre d'Hitchcock, une pause mal perçue par le public et la critique et qui l'obligera par la suite à revenir à des thèmes plus dramatiques. Ce film reste tout de même à plusieurs titres la plus personnelle et la plus drôle d'Hitchcock.
"C'est gai, macabre, tendre, et on y trouve en abondance son humour sardonique." dixit Bernard Herrmann (le musicien attitré d'alfred Hitchcock). Voilà en effet les sentiments que laisse cette oeuvre mal comprise par les américains moins habitué à l'humour britannique et parfois morbide du maître.
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