La pièce originale s'inspire d'un authentique fait divers (le meurtre d'un jeune homme assassiné par deux collègues) perpétré en 1924 à Chicago : les deux criminels souhaitaient témoigner de leur mépris pour la société en réalisant un crime gratuit et en s'arrogeant le droit de tuer. Voilà le sujet tant attendu par le Maître du suspens pour donner sa pleine mesure et apporter au cinéma de l'époque un certain renouveau.
Alfred Hitchcock, qui avait été intéressé par l'expérience du huis clos qu'avait été "Lifeboat", est alors tenté de pousser l'audace encore plus loin en donnant l'impression qu'un film ne pourrait être qu'un unique plan. La solution est de faire d'invisibles raccords en trichant par un système de fondus effectués sur les vêtements sombres de certains protagonistes.
Le tournage va alors se révéler aussi original que compliqué puisque les acteurs doivent apprendre un texte beaucoup plus long et sans erreur et que les techniciens doivent suivre ceux-ci sans jamais apparaître dans le champ de la caméra. L'ensemble combine en fait les difficultés du théâtre à celles du cinéma.
Une fois de plus "La Corde" s'inscrit parfaitement dans la construction de l'oeuvre d'Hitchcock, après "L'Ombre d'un doute" et son séduisant assassin de veuves et avant "L'Inconnu du Nord-Express" et son héros prêt, lui aussi, à tuer. Hitchcock en profite pour dénoncer ici la théorie du surhomme et ceux qui, fascinés par l'idée même du crime, se jugent capables de décider qui doit vivre ou mourir.
Un film à posséder aussi pour ses trouvailles visuelles !
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