Je devine pourquoi le roman de Sebastien Japrisot a tant plu à Jean-pierre Jeunet : Mathilde est " la grand-mère d'Amélie " comme l'a dit Jeunet lui-même. Malgré sa claudication, ce brave petit soldat de la mémoire avance, tétû, carburant à l'espoir. Grâce à une Audrey Tautou grave et tendue, le film rend justice à cette " force qui va ". Mais s'il est fidéle à la lettre, l'esprit du roman est un peu gâché. Passionnel, obsessionnel chez Japrisot, engoncé, corseté chez Jeunet dans un romantisme froid. Il faut attendre la dernière scéne de cette belle machine bien huilée pour être ému. Conscient du danger, Jeunet s'est rabattu sur ce qu'il sait faire, un cinéma rétro et fantaisiste.
Mais " Un long dimanche... " s'y prête-t-il ? L'impression de déjà-vu est d'autant plus forte que Jeunet, filme Mathilde comme il a filmé Amélie. Pourtant la fine fleur des acteurs français sont présent, avec leurs trognes impayables. Avec même une " guest-star " étrangére : l'américaine Jodie Foster dans un caméo. Mais ces comédiens émérites font leur numéro et puis circulent, car il faut, comme à la soirée des césars, laisser sa place au suivant.
Bien sûr, la copie est impeccable, il ne manque pas un bouton d'uniforme. Cela sent parfois la maquette et les effets spéciaux, mais la photographie est à point.
En somme Jean-pierre Jeunet a réalisé un " blockbusters " à la française, de qualité et populaire, qui témoigne d'un réel travail. Mais il manque au cinéaste un souffle, un supplément d'âme. Pour un livre aussi bouleversant qu'" Un long dimanche de fiançailles ", c'est assez gênant.
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