Les années 80 marquent pour Delon le début d’une traversée du désert au cinéma. Des choix artistiques discutables (Le Passage, José Pinheiro, Dancing Machine…) certes, mais surtout une inconciliabilité avec les nouveaux décisionnaires de la culture d’état qui explique la vingtaine d’années de semi-décrochage dont, aujourd’hui encore, il a du mal à s’extirper.
Histoire minimaliste voire bâclée, Deray propose pourtant un thriller terriblement efficace où, sans tomber dans le fastidieux suspens soporifique dans lequel les as du genre savent si bien noyer leurs intrigues, la traque du « factieux malgré lui » offre une série de scènes fort captivantes aussi bien en nocturne qu’en plein jour, qualité assez inhabituelle méritant d’être mentionnée. Seulement, Delon joue les durs, les très durs même, et l’assurance imperturbable manifestée par le Roger Thornhill parigôt qu’il incarne empêche le spectateur de laisser prendre véritablement au jeu. Triste constat car à ses cotés, Michel Auclair, Jean Pierre Darras ou Christian Barbier sont irréprochables.
Dix ans plutôt, le producteur-scénariste-acteur en aurait sûrement fait un classique, dix ans plus tard il en aurait sans doute fait un nanar. Mais en 1980, c’est un produit passable qu’il nous offre, du passable toutefois bien agrémenté par la fraîcheur lascive de Dalila Di Lazzaro.
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