J’avoue avoir fait la fine bouche la première fois que j’ai vu ce film. Une affiche qui laissait sous-entendre un Indiana Jones au rabais, une histoire de chasseur de trésors qui se déroule aux Etats-Unis, des francs-maçons afin de donner une ambiance plus secrète au film. Bref rien qui ne laisse présager ce à quoi je me suis retrouvé confronté. Jerry Bruckheimer à la production, Jon Turtletaub à la réalisation, je suis à demi inquiet, à demi car si la production Bruckheimer nous a souvent donné de bons films, le réalisateur n’a rien fait de transcendant depuis Rasta Rockett, en 1993 ! Et pourtant, ce film est un vrai plaisir. Tout d’abord un petit message à monsieur Lucas. Sachez cher monsieur qu’il est possible de faire un film pour tout âge sans pour autant rendre l’histoire simpliste et les personnages creux, Benjamin Gates en est la preuve. Et c’est un Walt Disney ! Ce film s’adresse à un public de 7 à 77 ans, sans qu’à aucun moment les plus jeunes ne trouvent ce film trop complexe et les plus âgés trop puéril.
Le casting est plutôt bien trouvé : Nicolas Cage en Benjamin Gates, rat de bibliothèque attachant qui croit seul contre tous à l’existence de ce trésor, Diane Kruger en conservatrice de musée qui se retrouve malgré elle mêlée à la croisade des Gates, Jon Voight en père de la famille Gates, qui selon ses propres thermes est « la honte de la famille, car possédant une maison, une voiture et une assurance vie », Justin Bartha en coéquipier informaticien de Benjamin Gates réussit à esquiver les lourdeurs du rôle de petit singe savant qui incombent souvent au faire valoir du héros, Harvey Keitel en agent du FBI reste dans un registre très sobre et évite les pièges habituels des agents du gouvernement gavés à la testostérone. Enfin, mention spéciale au méchant incarné par Sean Bean (Troie, Le seigneur des Anneaux) qui réussit à nous livrer un méchant différent des films traditionnels, loin du psychopathe excité et agressif des films d’aventures, celui-ci se présente plutôt sous les traits d’un philanthrope véreux qui ne cherche pas particulièrement la violence gratuite.
Rien n’est parfait, ce film ne fait pas exception. Tout d’abord, six ou sept générations d'une famille de cinglés courant après un gigantesque trésor dont nul ne soupçonne l'existence, avec pour seul indice trois ou quatre mots en anglais griffonnés sur un bout de papier. Et en une seule génération, le mystère sera complètement résolu. Ils auraient quand même pu avoir fait faire quelques découvertes aux prédécesseurs de Benjamin. En fait non, il découvrira tout de A à Z, impliquant que ou ses ancêtres étaient idiots, ou que Benjamin Gates est au dessus du lot, mais cette seconde solution paraît peu possible eu égard à l’image de type dépassé (et c’est ce qui fait son charme) qu’il nous donne tout au long du film. Seconde erreur, avoir ramené le trésor aux Etats-Unis. Là où Indiana Jones nous faisait voyager sur toute la planète, Benjamin Gates focalise son action dans les grandes villes américaines. Il s’agit bien d’un film d’aventure urbain ! Autre détail, l’utilisation de gadgets peu réalistes lors du cambriolage de la Déclaration d’Indépendance, un peu à la mission impossible qui ne colle pas avec l’ambiance McGyver de l’intrigue. Dernier point, la franc maçonnerie, pas indispensable pour donner de l’opacité aux gardiens du trésor, et créer un lien entre les générations de gardiens.
Néanmoins le résultat est très bon et les deux heures du film s’évaporent vite sans jamais nous laisser nous ennuyer. Au final nous avons un film d’aventure, sans gros mots ni sang, une sorte de film intermédiaire entre les navets du genre et les grands classiques (Indiana Jones). L’humour est omni présent, les vannes fusent sans devenir lourdes, et certains passages sont mêmes excellents (le passage du bus lorsque Benjamin Gates se fait poursuivre par les hommes de main de Sean Bean). Un film à voir et à posséder dans sa Dvdthèque surtout pour les affamés qui attendent avec impatience la prochaine aventure d’un archéologue célèbre.
|