"Alice n'est plus ici" est un film intéressant à plus d'un titre. Tout d'abord, alors qu'on pensait à l'époque de la pré-production que Scorsese n'était pas capable de diriger des femmes, il prouve brillamment le contraire ici. Ellen Burstyn (dans le rôle-titre) quant à elle est incroyable de justesse, et a sans doute fortement contribué à la performance générale du film par son jeu subtil et nuancé. Ensuite, le film constitue la première escapade campagnarde de Scorsese, étant donné qu'il laisse de côté "ses rues" l'espace de ce film (et leur grisaille, cet opus se révélant fort coloré). Les scènes de rue sont en effet rares, et l'accent est mis sur les scènes de dialogue en intérieur et la psychologie des personnages, en alternance avec les scènes en voiture (le film pouvant être classé parmi les road movies). Ce Scorsese se démarque aussi du reste de sa filmographie par l'absence quasi-totale de violence au "sens Scorsesien" du terme (même si l'agressivité est bien là, elle) : il n'y a pas de meurtres et de gerbes de sang, juste des gens normaux qui vivent et qu'on prend grand plaisir à observer.
Cela étant dit, on appréciera aussi la prestation d'Alfred Lutter (le jeune fils d'Alice), épaulé notamment par Jodie Foster, alors âgée de 12 ans, mais déjà quasiment actrice professionnelle. Elle campe ici un garçon manqué des plus convaincants. Kris Kristofferson et Harvey Keitel ne sont pas en reste, trouvant dans ce film des rôles inattendus et à la mesure de leur talent.
Par ailleurs, aucun temps mort n'est à déplorer, car même s'il n'y a pas vraiment d'intrigue dans le film (on assiste à des dialogues, des scènes de ménage, ..., bref des épisodes de la vie quotidienne), il y a une histoire forte et passionnante, celle de cette mère veuve en perdition qui cherche désespérément un boulot et qui élève seule un fils qui est tantôt adorable, tantôt infernal.
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