Difficile de ne pas entrer dans la salle du Roi Arthur sans une appréhension doublée d'un sourire narquois. Avec sa bande annonce mal montée qui nous promet "la véritable histoire derrière la légende", on se dit que Jerry Bruckheimer, producteur de films aussi efficaces que creux, s'apprête à tendre la joue pour se faire fesser.
Eh bien non. Force est de constater après plus de 2 heures de projection que le contrat est globalement rempli. Bien sûr, la légende du roi Arthur en prend un coup et ceux qui cherchent une authenticité historique ou un rapport entre cette version et celle - flamboyante et baroque de John Boorman - seront déçus. Idem, pour les profs de lettres qui voudront faire le rapprochement avec les écrits. Là n'est de toute façon pas la question, Antoine Fuqua dresse une fresque médiévale âpre et violente où les prétentions réalistes trouvent un écho parfait dans une photo souvent magnifique, des acteurs convaincants et surtout une abscence d'humour vraiment bienvenue. Fuqua n'est pas Michael Bay et ne cherche pas le spectacle facile : pas de ralentis débiles ni de clichés ahurissants dans les rapports entre les personnages. Le revers de la médaille étant quand même une certaine sagesse dans les scènes de bataille où la censure a fait des ravages. Après un bad boys 2 particulièrement sanglant, Bruckheimer semble avoir bridé Fuqua sur la violence. Le fameux PG 13 fut donc obtenu mais cela a pour conséquence fâcheuse d'affadir les scènes de combats. C'est là que cette director's cut plus longue de 16 minutes apportent une vrai plus : les scènes rajoutées sont certes intéressantes puisqu'elles permettent de clairifier le comportement de certains personnages. Toutefois, les rajouts de plans violents voire gores (deux décapitations explicites et un égorgement plein cadre parmi d'autres) apportent enfin une intensité supplémentaire qui manquait vraiment dans la version salle.
Finalement, le seul vrai problème du Roi Arthur, c'est d'arriver après Last samourai et Troy qui ont répondu aux attentes du public dans le domaine des épopées guerrières. Arthur essuie donc un certain ras-le-bol du public. Cela est globalement injuste tant cette nouvelle monture de Bruckheimer fait des efforts de crédibilité. Un film étrangement boudé et qui mérite une seconde chance dans ce nouveau montage qui ne manquera pas d'intéresser même les détracteurs qui pourront porter un regard nouveau sur ce film d'été plus fin qu'il n'en a l'air.
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