Il en est de ces spectacles qui vous font regretter d'avoir jadis descendu bon nombre de séries B fantastico-horrifiques. Car hormis l'agréable minois de Dina Meyer, qui encore est loin d'arborer une couleur capillaire qui puisse se targuer de la mettre en valeur, rien n'est à retenir de ce long métrage si ce n'est la précellence dans l'impéritie dont font preuve aussi bien le réalisateur que le scénariste.
L' « œuvre » débute par une succession de clichés, pardon, de clins d'œil, comme l'amorce du générique qui semble reproduire celle du Batman de Tim Burton (musique similaire, passage d'une chauve-souris devant la pleine-lune au beau milieu d'une nuit brumeuse...). Puis, on vient nous dénicher deux experts en plein travail façon Godzilla ou Jurassic Park. Par la suite, l'histoire se caractérise par toute une série d'omissions narratives: de quelle nature est la mutation génétique subie par les bestioles? Quels sont les rapports entre l'héroïne et le scientifique qui se sacrifie pour la sauver et à qui elle offre un médaillon en cadeau posthume? Quelle est l'implication de la Maison blanche dans cette expérimentation qui provoqua le désastre? Même favorable à ce que le spectateur reste libre d'imaginer certains composants d'une histoires, un tel degré d'indépendance laisse subodorer les excavations de l'intrigue.
Les personnages, pour leur part, s'avèrent tout aussi inédits: un shérif courageux bouffi d'enracinement local, une scientifique croftienne garantie prix Nobel à moins de trente-cinq ans, un savant fou putride et un assistant afro blagueur. Et ce n'est ni l'héroïsme outrancier, ni des dialogues consternants, ni des plaisanteries qui feraient honte à Éric et Ramzy qui vont leur permettre de s'extirper de la daube dans laquelle ils mitonnent.
Mais la palme de l'indigence revient quand même à Louis Morneau, qui se prétend réalisateur. Cette épée du septième art semble manifester tous les symptômes de la maladie de Parkinson lorsqu'il est amené à accomplir des scènes d'action, à moins qu'il ne travaille sous LSD ou qu'il ne cherche, par l'agitation de sa camera, à dissimuler la médiocrité de la digitalisation de ses chiroptères volants-on apprend au moins un mot au cours du film- (Néanmoins, on a du mal à croire que ces derniers soient plus laids en numérique qu'ils ne le sont en animatronique). Entre deux crises d'épilepsie, Morneau n'a l'air de connaître que le gros plan, le zoom et les mouvements de camera de dix degrés maximum. Là ce n'est plus sous LSD qu'il bosse, mais sous neuroleptiques.
Au final, il ne restera de ce chef-d'œuvre, qui se présente sans rire comme Les Oiseaux du vingt-et-unième, qu'un outil permettant de réévaluer à la hausse des nanars estivaux du passé comme Twister, Ticks ou l'Invasion des Abeilles Tueuses
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