Qui d'autre que Michel Audiard aurait pu nous conter l'histoire du bidonville de Champigny avec ses domestiques, sa cour des miracles et le synthétiseur Langlois, propriété de Mlle Rosemonde du bois de la Faisanderie, qui transforme les quidams en relique de St Geneviève de Lutece?
Elle cause plus... elle flingue n'est pas la suite de l'excellentissime Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais elle cause, sorti quelques années auparavant avec un casting similaire, mais une satire anar qui, sur fond de film de gangsters parodique raille avec un ton acerbe la police, la religion et la misère.
Dans le monde civilisé, on n'éructe pas « nique la police !» sur des musiques de merde mais on crée le commissaire Camille Bistingo, lequel organise des opérations commando en costume et passe à travers les portes, entouré d'une poignée de sous-fifres aussi stupides qu'incompétents.
Dans le monde civilisé encore, on ne profane pas des sépultures en renversant des croix entachées de « 666 » mais on réincarne le Nazaréen sous le traits d'un beatnik en side-car. Puis, on expose un cardinal paranoïaque qui se signe des dispenses de poisson tous les vendredi.
On a beaucoup reproché à Audiard ses faibles compétences en tant que réalisateur. Force de constaté qu'on est techniquement loin d'Oury. Toutefois, le film se révèle suffisamment rythmé, les gags suffisamment efficaces et les personnages suffisamment savoureux pour faire de ce long métrage un agréable divertissement que l'on ne se lasse pas de revoir. On notera au passage la liste impressionnante des seconds rôles: Carmet, Cowl, Carel, Prevost, Zardi, Birreau, Galabru...
Mais comme un film d'Audiard c'est avant tout des dialogues, morceaux choisis:
« Cause à mon colt, ma tête est malade. »
« Sortez les petites natures, je vais procéder à l'interrogatoire et je réponds pas de moi. Je peux tirer en rafale et que ça ricoche. »
« Depuis l'épieu mérovingien jusqu'aux roquettes à tête fouineuse, y a pas une arme que tu connaisses pas. »
« Y a eu un cave passé à la moulinette, l'enquête a d'abord été confiée à un con, maintenant c'est moi qui drive. Pardon, ça change tout. »
« C'est des repas dont on se souvient. Déjeuner en tête-à-tête et je me suis retrouvé à Cochin, aux urgences. Trois lavages d'estomac, qu'est-ce qu'on a retrouvé dans mes viscères, de l'acide prussique, un beurre! »
« Je peux très bien flinguer sans m'énerver. »
« Ce qui fausse les rapports entre la police et la bonne société, c'est qu'il y en a qui ont tous les droits et les autres aucuns. »
A ranger aux cotés d'Il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages.
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