A l'instar du Gladiator de Ridley Scott, ce péplum de 1964 se déroule au cours de la période qui va de la mort de Marc-Aurèle à celle de Commode. La comparaison entre les deux œuvres ne peut donc être évitée.
Dans les deux films, Marc Aurèle nous est dépeint comme un empereur avisé et pacificateur. Il est vrai qu'il lui arrivait de se laisser aller à quelques écrits entre l'extermination d'un peuple germanique et la torture d'une poignée de chrétiens.
Commode, quant à lui, semble plus proche de la description qu'en font les historiens chez Mann que chez Scott. Son caractère y apparaît moins manichéen, son hardiesse (qui le poussait à combattre dans l'arène) n'est pas dissimulée mais surtout, les scénaristes ne l'affabulent d'aucunes tentations incestueuses à l'égard de sa sœur.
Mais dans les deux films, le véritable héros demeure un personnage de fiction, successeur espéré par César, combattant émérite et rival de Commode. Alors que le Maximus de Scott se doit d'endurer à un sort à la Ben Hur entre esclavage et jeux du cirque, le Livius de la Chute de L'Empire romain se contente de manifester une opposition grandissante à l'égard du jeune empereur jusqu'à l'affrontement final. De plus son caractère intransigeant vis-à-vis des exécutions militaires lui offre bien plus de crédit qu'a son descendant marvelisé dans l'univers du péplum.
Question costumes et décors, le travail s'avère éblouissant. Ni les dizaines d'armées venues faire allégeance à l'Empereur, ni les centurions et officiers romains, ni César himself ne semblent sortis d'une mauvaise série Z ou habillés par Gaultier tandis que, sans images de synthèse, Mann parvient à nous ériger quelques monuments jupitériens.
Malgré quelques longueurs, la réalisation reste très efficace: la course de chars dans la montagne, à laquelle survit cette fois Stephen Boyd, est un classique du genre. Néanmoins, le spectateur pourra trouver l'affrontement final, avec un troupeau de gardes romains comme ring, un peu fade s'il réactive en mémoire l'arène de Gladiator.
Ainsi, la Chute de l'Empire romain incarne parfaitement la superproduction des 60's: acteurs de talent, scénario solide, personnages riches et charismatiques, décors majestueux mais un tout légèrement suranné à la lumière des moyens technologiques contemporains. D'ailleurs, pour finir la comparaison avec le film de Ridley Scott, on peut affirmer que c'est uniquement sur ce plan technologique que le péplum a progressé tant l'intérêt des personnages y a perdu en quarante ans.
|