Agonie urbaine, Requiem for a dream explore la corrélation entre les comportements additifs et la dégradation, tant physique que mentale. Diverses formes de dépendances sont confrontées comme la télévision, le culte de la minceur, le refus de vieillir, les psychotropes et surtout l'héroïne, dressant ainsi un portrait non exhaustif mais pertinent d'une société qui cherche à s'échapper de la réalité.
Dans les bas-fonds new-yorkais, les quatre personnages principaux vivent coupés du monde dans des paradis oniriques corollaires au tube cathodique ou aux substances illicites. Tous vont, lentement, s'annihiler jusqu'à l'issue fatale qui, selon les cas, sera l'internement psychiatrique, la prison, la prostitution et même l'amputation d'un membre (symbolique extrême de la dégradation).
A l'image de leur organisme, les rapports entre les protagonistes vont se détériorer, s'effacer, jusqu'à l'isolement. Certaines scènes sont paradoxalement terrifiantes comme ce fils toxicomane faisant la morale à sa mère sur l'habituation aux psychotropes, d'autres difficilement supportables, à l'image de cette femme vieillissante venant implorer à l'entrée des studios de télévision une participation à un jeu persuadée que cette-dernière représente son fatum existentiel. Pire encore, l'évolution de l'aspect de la veine d'Harry qui s'achèvera par l'ablation de son bras est dramatiquement répugnante.
L'interprétation, elle, se montre particulièrement juste et feutrée. Elen Burstyn et Jennifer Connelly sont fascinantes tout au long de leur descente aux enfers, tandis que Marlon Wayans prouve qu'il vaut beaucoup mieux que la consternante série des Scary Movie.
Aronofsky, de son coté, atteste un véritable talent de cinéaste et ce, malgré un recours outrancier aux écrans divisés durant les trente premières minutes du film. Cet effet aurait été suffisant, et ô combien légitime, s'il s'était contenté symboliser la séparation d'une mère avec son fils à moins que le réalisateur ne cherche, par se passage progressif d'écrans partagés à des écrans pleins, à exprimer la déréliction croissante chez les personnages. Mais, force de reconnaître qu'Aronofsky trahit un style très personnel où l'essentiel du travail consiste à insister sur le regard des protagonistes, ainsi que par maintes successions d'images vives et violentes, afin d'illustrer leur.
Requiem for a dream reste une œuvre noire et nihiliste qui recèle un pertinent rapprochement entre certaines addictions de la société occidentale, de celles qui vous anéantissent à petit feu.
|