Cela fait maintenant plus d'un mois que l'Hexagone s'extasie devant une poignée de fausses-gloires parquées dans une ferme, s'attirant ainsi les foudres du clown de Millau et de sa version bouseuse d'Action Directe – après tout, on a les combats qu'on mérite!. Dès lors, l'histoire de six jeunes, coincés sur une île qui ne propose pour uniques autochtones qu'une famille consanguine décidée, elle aussi ,à vivre au siècle de Lewis Carol, devrait séduire les foules.
American Gothic perpétue la grande tradition du slash' thriller pour ados, brillamment inaugurée par l'Halloween de Carpenter avant d'être flétrie par les excréments de Williamson et ses bimbos qui font passer la plus vulgaire des actrices porno pour une rosière de compétition. Cependant, tant dans sa construction que dans son contenu, ce film nous évoque plutôt les oeuvres inspirées du cas « Ed Gein » (des poupées confectionnées avec des dépouilles, une famille d'aliénés) que l'odyssée meurtrière de Michael Myers. D'une part, les scènes de slashs restent extrêmement sobres et brèves: loin d'enchaîner de fastidieuses poursuites ou d'abuser de fausses alertes, l'auteur choisit de restreindre la boucherie au minimum, laissant même comme un arrière-goût d'inachevé. D'autre part, ce dernier tenterait bien de nous choquer via les successives évocations d'inceste, de consanguinité ou de nécrophilie mais, ici, le traitement demeure trop explicite pour se révéler efficace. Enfin, la satire de l'hypocrisie évangélistico-puritaine qu'il cherche à façonner (le « Seigneur dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? » du père incestueux) est plus à la hauteur d'une sentine anticléricale à la Charly Hebdo qu'à celle d'un adroit pamphlet à la Mocky.
Pourtant, malgré ce flot d'imperfections, American Gothic reste un agréable divertissement, recelant même quelques nouveautés comme la victime qui se mue en exécutrice sadique, bien plus enragée que ses bourreaux.
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