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Résultant des excentriques connexions synaptiques d'Irvine Welsh, Acid House est une succession de trois fables qui oscillent talentueusement entre satire sociale et surnaturel trash. Tout comme la précédente adaptation de l'auteur (Trainspotting), ce film est aussi l'idoine peinture de cette Écosse post-industrielle qui a le football communal pour religion, le pub pour sanctuaire et le bourre-pif pour Ave Maria.
On assiste tout d'abord à la métamorphose d'un loser en mouche à merde, faveur de Dieu himself qui s'est matérialisé au bistrot sous l'apparence d'un quinquagénaire cradingue et désabusé. Puis, c'est le chemin de croix du quidam qui ne sait pas dire non qui est sèchement croqué via l'histoire de ce pauvre type acculé entre une hétaïre toxico pour légitime épouse et un punk pique-assiette pour voisin, lesquels n'hésitent pas à copuler tapageusement lorsque notre héros fait les courses ou torche le môme. Enfin, on accompagne un jeune hooligan camé, transmué dans le corps d'un nouveau-né par une nuit d'orage, lorsqu'il lorgne l'équitation domestique de ses nouveaux parents ou lors de tétées vicelardes et ce, au moment où son corps d'antan se voit doté de l'esprit d'un nourrisson.
Ce film à sketches sur fond de brit-pop offre, comme rarement au cinéma, une kyrielle de situations toutes aussi brutales qu'insolites pendant plus de cent minutes et ici, pas de demi-mesure: des ébats S-M de sexagénaires scatophiles, des voisins qui percent à coups de masse votre plafond pour profiter de vos prises électriques, de l'acide qui remplace l'hostie eucharistique, des insectes qui régurgite de la fiente dans la nourriture d'un couple pendant qu'ils baisent, des bébés obsédés aux yeux dilatés qui se saoulent la gueule ou enfin des flics qui copinent avec les infanticides mais passent à tabac un destructeur de cabine téléphonique cause qu'ils sont actionnaires des télécoms.
Acid House, c'est aussi des répliques chocs. Morceaux choisis: « -T'es pas viré, c'est ton poste qui est supprimé. »; « -Si t'as envie de baiser ta femme, tu me fais signe. Pour moi elle te fera un prix d'ami. »
Mais ce portrait au vitriol de la jeunesse prolétaire écossaise atteste aussi bon nombre d'observations sociales pertinentes sur la société scot comme la fracture culturelle qui se distingue entre une middle class psychanalysée et une base défoncée, des filles « protégées » par leurs frangins à la largeur d'esprit très méditerranéenne ou des petits déj' à la Carlsberg-chichon.
Il demeure aussi important de souligner qu'à aucun moment nous ne pouvons discerner quelque chose se rapprochant, de près ou de loin, d'une quelconque apologie de la défonce, critique inévitable faite à toute production s'inspirant de l'œuvre de Welsh et dont Acid House ne fut pas épargné à sa sortie. On reprocha aussi au réalisateur d'en faire trop dans sa mise en scène du trip post-psychotrope; que dire alors de Kounen? Même si McGuigan n'est pas Boyle, son travail reste tout à fait honnête. Le seul vrai bémol que l'on peut apporter à cette comédie grinçante ne relève d'ailleurs pas de la responsabilité de celui-ci, mais de la version française où le doublage du personnage de Boab est à la limite de plomber la première histoire; argument supplémentaire pour visionner ce film en V.O. et ainsi, apprécier intégralement le talent de l'excellent Ewen Bremner.
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(9.5/10) 
