C’est une bonne surprise que ce thriller ! Sur un thème maintes fois traité au cinéma (l’enlèvement d’enfant), le réalisateur Luis Mondoki fait preuve d’originalité ; sans doute aidé par son scénariste, Greg Iles, auteur du roman « 24 heures » qui sert de support au film ; ce qui explique sans doute la solidité du récit.
Dès la première séquence du prologue, Joe (Kevin Bacon) libère une femme dont il a enlevé l’enfant, la « conseille » et lui dit, d’un ton apparemment reconnaissant : « C’était bien notre party. » Cette phrase des plus ambiguës pique au vif notre curiosité ; d’autant plus que son complice lui demande, l’air très contrarié, s’il faudra recommencer. Bref, cette introduction laisse perplexe et l’on attend la suite avec impatience. Le film enchaîne logiquement sur un nouvel enlèvement, sur une triple séquestration – ce qui est de nouveau surprenant -, sur une demande de rançon, etc.
Mais la construction du film est originale : il se déroule en effet dans trois lieux différents mais avec le point commun d’être confinés et clos, ce qui accentue l’idée de tension permanente. Il réunit - autre originalité - trois « couples ». Un premier lieu, la demeure des Jennings, où s’affrontent Karen Jennings (Charlize Theron), mère de la fillette enlevée, et Joe, le chef des ravisseurs. Un second lieu, une maison cachée dans la forêt, abrite la fillette enlevée, Abby Jennings et l’un des ravisseurs qui la surveille. Enfin, dans un troisième lieu, une chambre d’hôtel, Will Jennings est menacé par la femme du chef des ravisseurs, Chery (Courtney Love). Le réalisateur nous fait ainsi passer d’un décor à l’autre par l’intermédiaire logique des coups de téléphone. C’est ainsi que l’effet de tension se trouve porté à la puissance 3 et contribue très efficacement à une gradation dramatique permanente, d’autant plus éprouvante que la fille des Jennings a un problème de santé. D’autre part, Joe, personnage des plus inquiétants, a certaines « habitudes », si bien que le film baigne dans un étrange climat érotique, voire sadique, peu banal.
Ces trois « couples » bien malgré eux finissent par quitter leurs huis clos respectifs et le film se déploie alors dans un vaste espace inhabituel pour s’achever en un final impressionnant et très spectaculaire qui réunit tous les protagonistes de l’histoire et qui décide de l’échec ou de la réussite, et du destin des uns et des autres.
S’il est un reproche à faire au scénariste, c’est d’avoir modifié la psychologie de Joe in extremis en voulant sans doute enrichir son personnage. Mais cela ne s’imposait pas. Tel qu’il est, toutefois, ce film est un thriller parfaitement réalisé et savamment conduit, qui joue avec les nerfs des spectateurs grâce à une pléïade d’acteurs – notamment une Charlize Theron fragile et forte à la fois, impressionnante de beauté et de conviction, un Kevin Bacon parfait en méchant pervers et une fillette, Dakota Fanning, étonnante de naturel et de justesse – tous remarquables, y compris les seconds rôles.
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