Après un premier film, « Bienvenue à Gattaca », unanimement apprécié et la signature du scénario de « The Truman show », c’est peu dire que l’on attendait avec impatience le nouveau film de Andrew Niccol qui apparaît comme une comédie mordante sur le milieu du cinéma.
Un réalisateur, Viktor Taransky (Al Pacino), excédé par les caprices de sa vedette, accepte les sollicitations d’un informaticien de génie qui lui propose de « fabriquer » une actrice virtuelle, Simone (= SIM(ulation)ONE) et de la faire passer pour une authentique comédienne de chair et de sang.
On retrouve donc le thème de l’anticipation de « Bienvenue à Gattaca » et celui de la manipulation dénoncée par « The Truman show ».
Pourtant, dans un premier temps, le film surprend et on a du mal à se mettre au diapason de personnages qui nous restent plutôt indifférents, et l’impression d’assister à une démonstration filmée s’impose devant la tournure des événements.
Mais cette première impression ne dure heureusement pas et, très vite, force est de constater que le film propose une intéressante – même si elle n’a rien d’original - réflexion générale sur le cinéma d’Hollywood, montré comme une entreprise globale de recherche de recettes à succès, qui associe studios, producteurs, réalisateurs, journalistes et, au bout de la chaîne, spectateurs. Le film devient alors crédible et intéressant.
Pour mieux susciter notre réflexion et nous détacher de la simple fascination que procure l’image, Andrew Niccol met en place une véritable stratégie de la distanciation. Ainsi utilise-t-il des couleurs volontairement monochromes et désaturées ; il choisit de même des décors de studio le plus souvent – symboliquement - déserts ou vides de toute activité et de tout personnel ; il propose des situations, des dialogues et des sentiments convenus ou complètement décalés ; il multiplie ouvertement les invraisemblances (par exemple, S1mOne au volant d’une voiture conduite en fait par Viktor caché sous le tableau de bord !) ; il va même jusqu’à interrompre la scène sans lui donner la suite que l’on attend pourtant. Bref, dans un univers hollywoodien caractérisé par l’absurde, il met en scène (d’une façon moins délirante que dans le « Bowfinger » de Frank Oz) des situations absurdes !
Il crée ainsi une atmosphère irréelle (d’où notre difficulté à nous sentir concerné par le film lors des premières minutes) : puisque le cinéma est artifice, le film qui le démontre doit être, lui aussi, artificiel. Bref, le propos du film DEVIENT le film lui-même.
Il va sans dire que, comme dans tout bon film hollywoodien, la fin, qui succède à un rebondissement inattendu, est heureuse…en apparence ! Car « Viktor » (prénom qui signifie ironiquement « vainqueur ») est désormais l’esclave de sa créature et la propre victime de sa manipulation. Dernier clin d’œil au spectateur d’un film "intelligent" et très caustique !
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