CRITIQUE DVD

Après une hypothétique guerre totale, l'humanité en est réduite à vivre de pas grand-chose, quand elle n'est pas tout simplement tombée dans l'anthropophagie. Quelque-part en France, un petit immeuble est ainsi dirigé de main de fer par un boucher criminel qui vend de la viande - humaine évidemment - à tous ses co-locataires. Pour faire venir le bétail à l'abattoir, il s'est adjoint les services du préposé de la poste locale qui se charge de conduire le gibier à l'étal... Mais ce petit manège sanglant, peut-il se prolonger à l'infini ? Cette oeuvre est d'une richesse décorative proprement exceptionnelle: du générique de début à celui de fin, les moindres détails visuels ont été étudiés, contrôlés, mis en scène avec une rare dextérité par Jeunet et Caro qui, s'ils nous lisent, sauront tout le bien que nous pensons d'eux. L'histoire est par ailleurs extraordinairement bien équilibrée, balançant sans cesse entre l'horrifique et l'onirique, entre l'humour et le suspens. La BO est digne d'une boîte à musique du début du 20ème siècle, respectant en cela la trame décorative de l'oeuvre (et que l'on retrouve par touches dans "La cité des enfants perdus" puis dans "Amélie Poulain"). Enfin, la distribution est tout particulièrement réussie, véritable tour de force puisqu'elle ne fait presque exclusivement appel qu'à des "gueules"; nous sommes loin des séries hollywoodiennes ou des "spectacles-vérités" pour jeunes abrutis du tube cathodique. Nous nous permettons au passage de décerner une mention spéciale à Dominique Pinon qui incarne le héros du film, d'un bout à l'autre de l'histoire, expressif et poétique. N'oublions pas l'excellente prestation de Jean-Claude Dreyfus, Marie-Laure Dougnac, Karin Viard, Ticky Holgado, Rufus, etc. qui tous jouent avec conviction leur personnage, hissant cette oeuvre contra-standard, au rang mérité de digne héritière de la magie des Frères Lumières et de Georges Méliès.

Format 1.77 anamorphique. L'image est extrêmement colorée et en même temps tantôt obscure, tantôt brumeuse, tantôt humide et tantôt d'un petit flou artistique... Aussi, la compression a dû être épineuse mais au final, le résultat est plutôt satisfaisant malgrè quelques dégradations des demi-tons et un grain certes voulu à la réalisation, mais qui aurait gagné à être un peu plus discret.

DPL 2.0 en français. S'il est vrai que la bande-sonore est assez claire et aussi détaillée que possible, il est réellement navrant que ce DVD n'ait pas bénéficié du 5.1, car il y avait vraiment matière à cela, et aucune des six voies n'aurait été de trop... Tant pis, mais je persiste à penser que Delicatessen mériterait une réédition offrant une meilleure image et un meilleur son.

Le menu est délicieux - sans jeu de mot - les pages sont joliment décoratives tandis que les fonctions sont à enclencher en cliquant sur différents éléments visuels de l'univers Delicatessen. C'est vraiment très original. Les bonus sont quant à eux répartis sur les deux galettes de ce DVD. Sur la première, nous disposons du commentaire de Jeunet, sur la seconde, voici ce qu'il y a: le tournage de "Charcuterie fine" de Diane Bertrand (13mn30), les archives de JP Jeunet (essais des comédiens) pendant 8mn30 environ, la comparaison tout au long du film avec son storyboard (en vignette), les pré-bandes-annonces et la bande-annonce.

Le visuel de boitier reprend l'affiche du film, toujours aussi efficace. Côté sérigraphie, j'avoue aimer déjà moins et je ne m'explique toujours pas les partis pris esthétiques qui ont présidé au choix des couleurs et des mises en page. Ceci dit, le travail est soigné et il faut au moins reconnaitre cela à défaut de l'approuver.

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