Ce film de John Carpenter (1984) est rarement pris en compte lorsqu’on évoque son œuvre. Pourtant, avec «Starman», autre film considéré comme mineur, il fait partie de ses meilleures réalisations.
"Christine" est pourtant désormais considéré comme un classique du cinéma fantastique. Et il faut bien reconnaître que sa richesse thématique justifie cette reconnaissance.
Ce film apparaît, d’abord, comme un film adolescent, plutôt que sur les adolescents, et c’est là toute la différence avec les films de ce genre : on sent bien que John Carpenter évoque sa propre jeunesse (la séquence d’introduction nous offre d’ailleurs la vision splendide d’une superbe Plymouth Fury rouge de 1958), ses propres difficultés à cet âge et son goût pour son époque (les années cinquante).
Le film se déroule vers 1980 et met en scène un jeune, Arnie (Keith Gordon), timide, maladroit, gaffeur et complexé, qui décide, contre l’avis de tous, de remettre en état une auto épave de 1958 qu’il baptise Christine. Dès lors, il est métamorphosé, devient plus sûr de lui, séduit la plus belle fille du lycée, Leigh (Alexandra Paul), et se montre même suffisant. Au point que son meilleur ami Dennie (John Stockwell) ne le reconnaît plus. Que se passe-t-il donc ?
John Carpenter sait montrer l’adolescence et ses problèmes particuliers à travers des personnages attachants, jamais caricaturaux : les relations entre lycéens sages et voyous, entre garçons et filles, entre jeunes et adultes, notamment entre enfants et parents.
Même si le film est censé décrire les années 80, le réalisateur multiplie les références à sa propre jeunesse et au cinéma de son époque : Arnie, une fois transformé, porte le blouson rouge de James Dean dans « La Fureur de vivre » (1957) ; il affronte son père (reprise d’une scène semblable du même film) ; il est agressé par des délinquants ( allusion au combat au couteau, également dans le film de Nicholas Ray ou encore à « Graîne de violence » ,1954) ; il écoute dans sa voiture les rocks des pionniers de cette musique, dont « Not fade away » d’abord dans la version de Buddy Holly, puis dans la version modernisée de 1980 par Teddy Molly. Ce qui permet à John Carpenter de rappeler la permanence des goûts d’une génération à l’autre.
Ainsi, il établit un pont entre les générations donnant au propos de son film une certaine universalité que tous peuvent partager.
La musique, composée par Carpenter lui-même, propose des thèmes récurrents, simples mais efficaces, illustrant les moments clés de l’action. Les effets spéciaux sont remarquables et rendent les éléments fantastiques du film toujours parfaitement crédibles.
On retrouve enfin les thèmes obligés de l’univers cinématographique de Carpenter : l’élément étranger qui sape l’ordonnancement des choses et des êtres, l’individu solitaire en rébellion contre l’autorité ou encore l’inéluctabilité du combat présenté ici sous forme d’un duel très prenant.
Ce film est un petit bijou à voir et à revoir sans modération.
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