Ce film est un hommage au genre du thriller que Brian De Palma a brillamment illustré au cours de ces trente dernières années (« Pulsions », « Obsession », etc.). Et cet hommage se fait, dans l’ironie et la parodie, par l’exagération des archétypes du genre : la « femme » ne peut être que « fatale » et le personnage interprétée par l’actrice Rébecca Romjin-Stamos –blonde héroïne hitchcockienne mais (parodie oblige !) très sexualisée- donne dans la surenchère. L’homme (Antonio Banderas), benêt une fois appâté, devient un instrument puis une victime. Le sexe et l’argent nouent et dénouent les relations ; les retournements de situation se succèdent ; les thèmes obligés du voyeurisme, du double et de la substitution sont bien au rendez-vous ; les références aux classiques du genre et l’auto-citation abondent. D’ailleurs la musique du film de R. Sakamoto, démarquée du Boléro de Ravel, insiste, jusqu’à l’ironie, sur l’idée même de répétition, d’éternel recommencement, voire de boucle, en une sorte d’illustration sonore du propos du réalisateur. De même, une affiche dans le film annonce –en une sorte d’auto-dérision- un spectacle intitulé « Déjà vu » (titre originel de son film « Obsession ») !
Le film est, par ailleurs, mis en scène et filmé avec une telle maestria que le spectateur en reste muet d’admiration. Les cadrages et les mouvements de caméra sont en effet somptueux (par exemple, la chute dans le vide de l’héroïne lors de sa défenestration). Chaque scène nous plonge dans la beauté et rend palpable l’imprévu qui survient.
Film éblouissant dans sa forme, « Femme fatale » n’en reste pas moins surprenant et prenant dans le fond. N’oubliez pas de fixer l’horloge du film !
Les admirateurs de De Palma passeront deux heures bien agréables !
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