Ce premier film de Jean-Luc Godard en hommage aux films noirs américains, depuis devenu culte, est LE manifeste de la "nouvelle vague": caméra à l'épaule, tournage en extérieur, pas de décors, dialogues provoquants, montage heurté, équipe technique réduite, etc... : une révolution à l'époque. Un film qui ne pouvait QUE marquer les esprits.
Il serait cependant temps de le démythifier un peu. Le scénario ne vaut guère plus qu'un mauvais polar de gare, certaines séquences frisent l'amateurisme, sans parler de certains acteurs qui en font des tonnes. Mais il faut tout de même admettre qu'il traduit parfaitement le dynamisme euphorique d'une jeunesse insouciante, que les cadrages sont parfaitement maitrisés et la musique jazz sublime. Mais ce que Godard n'avouera jamais, c'est d'avoir fait avec ce film, un remake du "Petit fugitif" de Morris Engel, sorti en 1953 et qui marqua la naissance du film indépendant aux Etats-Unis. L'histoire est rigoureusement identique, mais appliqué ici au monde adulte. Sa copie va jusqu'à utiliser les mêmes méthodes de tournage et Godard alla même jusqu'à appeler Morris Engel pour lui louer sa caméra.
Godard ne fera jamais mieux et se perdra à force d'expérimentations et malgré ses beaux discours théoriques dans un cinéma hermétique et snobinard dont lui seul a les clefs.
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