En 1979, Lucio Fulci avait déjà scotché son monde avec L'enfer des zombies. En 1981, il réalise avec L'au-delà ce qui constitue à mon sens le point culminant de sa carrière.
L'au-delà parvient à mettre en symbiose deux éléments qui paraissent a priori antinomiques : le réalisme et le surréalisme. Comme dans ses autres longs métrages, Lucio Fulci se laisse aller à des débordements gore où l'on voit à plusieurs reprises des chairs meurtries, en décomposition. Les meurtres dans le film sont nombreux et particulièrement sanglants : personnage cloué vivant ; aveugle agressé par son chien ; femme qui meurt en recevant de l'acide sur le visage ; mygales qui dévorent le visage d'un homme. Ces scènes se voulant comme réalistes, car elles dégoûtent d'autant plus le spectateur, sont légion dans L'au-delà.
Dans le même temps, les séquences surréalistes sont omniprésentes. On aperçoit ainsi une femme qui a les yeux vides ; l’héroïne (incarnée par une excellente Catriona McCall) rencontre de manière étrange sur une route une aveugle et son chien ; un tableau se met à saigner ; les morts se relèvent et attaquent les vivants.
En alliant admirablement le réalisme et le surréalisme, Lucio Fulci réussit un film d'horreur oppressant, où la mort rôde immanquablement. Pour les personnages du film, il n'y a d'ailleurs aucune échappatoire. Après avoir réussi à échapper à une horde de zombies dans un hôpital, ils atterrissent dans l'hôtel maléfique qui conduit directement à l'enfer. La dernière scène (qui fait écho au début du film où un homme terminait un tableau) clôt admirablement le film. C'est sans nul doute l'une des fins les plus sombres et les plus poétiques que le cinéma d'horreur ait connu. Cette poésie morbide est en outre sublimée par le thème principal de la musique de Fabio Frizzi qui est tout à la fois entêtante, incantatoire et symbole de l'inéluctable.
Jouant sur le réalisme de ses meurtres dans un environnement mystérieux, L'au-delà dispose d'une atmosphère morbide et poétique incomparable. A voir et à revoir.
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