A partir d'une idée de base foncièrement intéressante et qui donnera lieu à une première partie captivante, ce "Le silence des ombres" va hélas se perdre en cours de route pour s'en aller flirter avec le fantastique et une morale religieuse sévère et qui ne plaira pas forcément à tout le monde.
Le script va laisser une psychiatre s'intéresser au cas d'un homme souffrant de dédoublement de personnalité, pour vite se rendre compte que les différentes facettes de cet individu sont impossibles d'un point de vue médical et qu'en plus les personnalités habitant ce schizophrène sont issues de personnes décédées qu'il n'a pas pu connaître.
Dès son introduction, le métrage va nous présenter son personnage principal, le docteur Cara Harding, psychiatre de renom refusant de diagnostiquer un dédoublement de la personnalité (qu'elle considère comme un mythe) à un violeur d'enfants qui sera finalement exécuté, ce qui troublera quand même Cara, mais en rentrant chez elle, elle sera contactée par son père, également psychiatre qui lui demandera de venir le rejoindre afin d'avoir son avis sur un patient.
C'est ainsi qu'elle rencontrera David, un jeune homme en fauteuil roulant complètement paumé mais normal en apparence, jusqu'à ce le père de Cara invite David à convier sur place Adam, le patient se "transformant" alors en quelqu'un d'autre, valide et un brin arrogant, ce qui ne va pas décontenancer Cara mais quand même la pousser à s'intéresser à ce cas de plus en plus étrange au fil des découvertes (les radios, par exemple), jusqu'à en devenir malsain lorsque Cara va découvrir que la personnalité de David est le reflet d'un jeune homme assassiné bien des années auparavant de manière sordide.
Toutes ces révélations du premier acte seront impactantes et garantiront un intérêt croissant de la part du spectateur qui ne saura pas sur que pied danser tout en nous gratifiant de séquences vraiment réussies (celle avec la mère de David par exemple), parfois porteuses d'un suspense avéré puisque nous ne saurons pas vraiment à quel jeu joue ce Adam/ David, mais hélas les investigations de Cara vont ensuite laisser l'intrigue se diriger vers un fantastique religieux assez mal venu et plombant définitivement le métrage dans une seconde partie parfois à la limite du ridicule (la découverte liée à l'ombre enregistrée sur vidéo par exemple), assez obscur dans ses développements et n'autorisant qu'un final attendu, notamment dans a toute dernière séquence plus que téléphonée.
Et cela sera bien dommage car l'idée de départ était probante, porteuse de multiples orientations possibles empêchant le spectateur d'anticiper dans un premier temps sur les événements à venir, mais hélas tout cela sera détruit puisque l'intrigue choisira, non pas la facilité mais de prendre un virage, certes quelque peu annoncé, reniant les prémices du script avec cette psychiatre rationnelle s'opposant à son père bien plus ouvert, et même si ce sera en partie dans le but de lui prouver qu'il a tort que Cara se lancera dans son enquête sur les personnalités de Adam, cela ne justifiera pas une telle tournure pour l'ensemble du métrage qui en plus cédera sporadiquement à des effets faciles pour tenter de faire sursauter (en vain) son spectateur. Et la morale de l'histoire sera quand même limite en fustigeant les incroyants de façon grossière.
L'interprétation est par contre largement convaincante, portée par une Julianne Moore impliquée et crédible, tout comme Jonathan Rhys-Meyer parfait dans le rôle de David/ Adam et autres facettes de sa multiple personnalité. La mie en scène du duo de réalisateurs suédois est appréciable aussi bien pour cette manière de sublimer les décors que pour donner corps à l'action. Les quelques effets spéciaux sont probants pour quelques maquillages et de rares plan vaguement sanglants.
Donc, ce "Le silence des ombres" n'arrivera pas à transformer l'essai de sa première partie convaincante et prenante en sombrant dans un fantastique basique et bien trop mal dégrossi !
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