Jean-Paul Civeyrac est un cinéaste d'auteur français. Cela ne fait aucun doute au vu de sa filmographie dont on a un excellent aperçu après avoir regardé tout ce que contient ce coffret, à avoir les longs métrages (hormis son dernier film, Des filles en noir, disponible uniquement à l'unité en DVD) et les moyens métrages de ce réalisateur.
Une des constantes de ce cinéma est de mettre en scène des personnages qui ont des visions et se remémorent le passés, voire même ont le sentiment qu'ils aperçoivent dans la vie courante des êtres qui leur sont chers et qui sont décédés.
Le film A travers la forêt, qui ne dure qu'une heure, est certainement l'un des plus réussis de Civeyrac. C'est un drame romantique puissant à la lisière du fantastique où une jeune femme, Armen, croit revoir son ami qui est pourtant décédé depuis trois mois. Il est question de passion amoureuse. On est dans l'amour pur (une des soeurs d'Armen lui déclare : « Tu vois trop l'amour comme un absolu ») et l'impossibilité de retrouver l'être aimé aboutit à un sentiment extrême. Ainsi, le personnage principal songe à se suicider. Ce thème du suicide (que l'on retrouve dans le dernier film de Civeyrac) est une autre grande thématique de Civeyrac, même si l'auteur arrive parfois à se montrer optimiste (« Ne craignez pas le bonheur », déclare Bulle Ogier dans Toutes ces belles promesses). Et ce n'est pas un mal car Civeyrac est loin d'être un marrant au travers de ses films.
L'image de ses films est souvent sombre et l'action se déroule dans l'obscurité. Quant aux personnages qui évoluent dans cet environnement, on les sent souvent à la dérive soit économique (l'homme qui se prostitue dans Les solitaires) soit psychologique (les relations superficielles de l'homme dans Le doux parfum des hommes, qui se limitent à du sexe : « J'étais fatigué de faire l'amour sans aimer »).
Au final, voilà un coffret contenant des films riches tant sur le fond que sur la forme. Il permet de découvrir le cinéma personnel de Jean-Paul Civeyrac.
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