Le reptile est un film complètement atypique dans le domaine du western. Ce film marque d'abord l'incursion du grand cinéaste Joseph Mankiewicz dans le western à une époque (1970) où celui-ci est moribond. Ensuite, ce film fait complètement exploser les codes du genre. On a ni à faire à un combat entre cowboys et indiens ni à faire à un film où un personnage vient sauver courageusement une ville. Non, Mankiewicz s'est manifestement amusé à détourner les codes du western pour livrer un film tout à la fois parodique et critique. Le réalisateur n'y va pas de main morte. Le cadre n'a rien de sympathique dans le sens où la quasi intégralité du film se déroule dans un pénitencier. Les personnages ne sont pas plus sympathiques : entre tueurs, voleurs, petits truands, bandits de grande ampleur, on est sacrément servi. Les héros de l'Ouest et ont laissé place à des purs salopards, que l'on voit plus généralement dans le western italien. Seul un personnage semble au-dessus du lot : un shérif qui a laissé sa place pour devenir le directeur du pénitencier. Mais à croire que les valeurs anti-morales sont destinées à toucher tout le monde, la fin du film ne sauve même pas sur le plan moral notre ancien shérif.
A défaut d'être un grand western ou d'être un film important de Mankiewicz, Le reptile est une curiosité à voir. A noter dans les deux rôles principaux la présence de Kirk Douglas et d'Henry Fonda, tous deux excellents.
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