Réalisé en 1973 par James William Guercio dont c'est l'unique film et qui est plus connu pour être un producteur de musique et le manager du groupe Chicago, Electra glide in blue est un film étonnant. Il présente John Wintergreen, le personnage principal du film, membre d'une patrouille de police de l'Arizona, et qui se montre particulièrement rigoureux dans son travail. A l'inverse de ses collègues qui tentent de profiter de diverses situations, John Wintergreen demeure un homme intègre. Il en devient quelqu'un d'atypique. Cet homme qui pense que la justice exige d'être irréprochable en toute circonstance ne vit pas avec son temps. Il apparaît comme un personnage étrange et même presque dangereux dans une Amérique où la police n'est pas intègre et semble sévèrement corrompue.
Les superbes paysages désertiques – notamment Monument Valley – que filme James William Guercio rappellent bien évidemment l'oeuvre de John Ford (le cinéaste James Wlliam Guercio s'est déclaré particulièrement influencé par La prisonnière du désert) comportent un vrai côté nostalgique qui font écho à un monde révolu. Cette Amérique n'existe plus et John Wintergreen doit composer avec son temps, à savoir avec des policiers peu scrupuleux (le collègue de John Wintergreen, Zipper, le critique pour son côté très légaliste, la fameuse PPP, « parfaite procédure policière ») et des hippies (le film est bien dans son temps, d'ailleurs il cite à plusieurs reprises, et notamment à la fin le film Easy rider).
Le film est symptomatique d'un vrai malaise avec notamment un policier qui en tue un autre ou encore avec un personnage intègre qui se fait pour l'unique raison qu'il se trouve être un policier.
Très bien interprété, Electra glide in blue est, à l'image de son personnage principal, un film étonnant, mais qui mérite largement d'être vu. La toute fin du film avec les beaux paysages désertiques en noir et blanc et une musique qui s'apparente à une prière (« God bless America »), est vraiment très réussie.
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