Réalisé en 2005 par Lucile Hadzihlilovic, Innocence est un film curieux dans la production française courante. Comme son titre le laisse supposer, il s'agit d'un film sur l'enfance. Fortement symbolique (par exemple les filles qui ont différents rubans dans les cheveux selon leur âge et donc leur développement corporel), le film est assez difficile à appréhender. Pourquoi trouve-t-on un pensionnat de jeunes filles dans une forêt ? Pourquoi y a-t-il des réverbères qui guident les jeunes filles vers le pensionnat ? Comment se fait-il que les filles arrivent dans un cercueil ? Autant de questions qui ne trouveront jamais de réponse. Car à l'instar du sublime Pique-nique à Hanging rock de Peter Weir, Innocence est un film qui se ressent. Chaque spectateur peut se faire sa propre idée. Le film joue beaucoup sur une très belle photographie où les jeunes filles sont en communion avec la nature, et notamment l'eau. Le film joue aussi sur les sons : ainsi, de nombreux bruits posent question et entretiennent le climat étrange du film. La fin, particulièrement ouverte, laisse le spectateur décider comme il le comprend.
Au final, voilà un beau petit film à la beauté formelle qui pourra toutefois rebuter les gens qui n'aiment pas les films un peu lents et qui cherchent à tout prix des réponses. Ici, on est dans un cinéma sensoriel, proche du Peter Weir dans ses années australiennes ou d'un David Lynch.
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