Le Roméo et Juliette de Lurzman est un ensemble inégal. Les vingt premières minutes sont une véritable catastrophe : et je me souviens qu'à la première vision je me suis demandé ce que je faisais à regarder un tel navet entre Benny Hill (pour les accélérés gratuits) et Dobermann contre Taxi 53 pour la nullité du style clip lié à un goût douteux pour le violent-pour-rigoler. Et la scène du bal vint, transcendée par une somptueuse mise en scène, par la superbe musique de Craig Armsrong et par une ambiance réellement baroque, et non une ambiance hardrock. La thématique de l'eau qui s'élabore tout le long du film est une des idées grandioses du film. Quant à l'idée de transposer la jeunesse d'un cité italienne qui voit la naissance du capitalisme à une jeunesse californienne (?) qui en est l'aboutissement, c'est une idée magnifique. Mais alors, d'où vient le sentiment d'ennui qui peu à peu nous saisit durant la dernière demie heure ? Peut-être un excès d'images "clippés", de paysages de carte postale artificiels. Bref, très loin des deux chefs d'oeuvre que sont les Roméo et Juliette de Cukor et West Side Story de Wise, Romeo + Juliette est cependant une semie-réussite... c'est à dire un semi-échec, ce qui n'est pas loin d'être inexcusable avec un tel scénario... Enfin, contrairement à ce qui est souvent dit, le texte est souvent coupé, et la fin est sensiblement modifiée en ce qui concerne le personnage de Pâris.
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