Tout en continuant de se servir d’une certaine peur américaine du terrorisme reflet d’un certain 11 septembre, ce "L'œil du mal" va également prendre appui sur les dérives du modernisme et de la technologie de pointe pour une intrigue certes blindée de référence flagrante (au hasard, "Une journée en enfer") mais efficace, chargée en action parfois bien spectaculaire sans pour autant en faire de trop, pour ainsi rester linéaire et lisible.
Le script va laisser deux individus être les acteurs malgré eux d'un complot terroriste.
Après une introduction visant déjà à amplifier et à impressionner en mettant en avant la technologie de pointe dont dispose l'armée américaine pour suivre et tracer un islamiste terroriste présumé et recherché lors d'un trajet dans le désert et qui sera finalement assassiné par un tir de missile américain malgré un sérieux doute sur son identité, le métrage va nous présenter ses deux personnages principaux, avec d'un côté Jerry Shaw, un jeune homme "grande gueule" travaillant dans une boutique de photocopies et qui devra bientôt assister à l'enterrement de son frère, un militaire tué dans un accident, et de l'autre Rachel Holloman, une jeune femme divorcé accompagnant son jeune fils à al gare puisque celui-ci, musicien doit se rendre à Washington pour jouer dans un concert au Capitol.
Cette présentation sera assez brève et sans s'étaler de trop pour juste bien nous permettre de cibler la personnalité de chacun avant que l'action commence véritablement lorsque Jerry va trouver dans son appartement tout un arsenal terroriste pour être aussitôt arrêté par le F.B.I., malgré une voix de femme qui lors d'un appel téléphonique sur son portable l'aura prévenu et lui aura intimer de fuir. Rachel recevra elle aussi un appel de cette femme, mais de façon plus drastique puisque ce sera un chantage sur la vie de son fils qui l'obligera à obéir.
L'intrigue ne va pas tarder à faire se rencontrer ces deux individus après que Jerry se soit échappé des griffes du f.B.I. de manière spectaculaire sans pour autant qu'il comprenne ce qui lui arrive et le métrage va alors lancer une course folle entre Jerry et Rachel d'un côté et les autorités de l'autre, nécessitant ainsi de nombreuses scènes d'action performantes, graphiques et visuellement réussies, pour ensuite commencer à laisser entrevoir progressivement des éléments venant nous renseigner sur les tenants et les aboutissants du complot fomenté et se servant de Jerry et de Rachel comme des pions sans pour autant faire la lumière sur des commanditaires qui sembleront avoir la mainmise sur toute la technologie informatique pour aider les deux fuyards à se échapper à la police et aux agents du F.B.I. lancés contre eux.
Cette avancée progressive va maintenir l'intérêt du spectateur intact tout au long du film, même quand les événements seront clarifiés pour mettre en lumière un complot d'un genre "nouveau" et qui aura le mérite d'expliciter la facilité de certains rouages de l'intrigue pour alors lancer un dernier acte hélas assez convenu et attendu, porteur d'une morale certaine avec cette happy-end prévisible.
Mais cela n'empêchera pas le métrage de poser de bonnes questions sur les dérives de la technologie de pointe contrôlant tout et n'importe quoi avec une précision aberrante, tout en questionnant aussi sur le patriotisme et les limites à poser pour prévenir du terrorisme et de son spectre venant hanter systématiquement les américains de manière récurrente et poussant à des actions démesurées condamnées ici à demi-mot. Mais bien entendu, cette analyse se fera sous couvert d'action et de rebondissements incessants et jamais lassants ou redondants pour ainsi toujours renouveler et innover dans les méthodes employées par Jerry et Rachel pour fuir leurs ennemis, quels qu'ils soient.
De cette action omniprésente arrivera quelques morceaux de bravoure rondement menés et demeurant toujours lisibles et compréhensibles, même si cela se fera au détriment des protagonistes qui resteront bien souvent assez superficiels ou aux motivations et personnalités basiques. L'interprétation sera par contre performante avec un Shia LaBeouf excellent et bien plus charismatique qu'une Michelle Monaghan trop effacée. La mise en scène du réalisateur est concluante, rythmée et dynamique pour suivre l'action de près. Les effets spéciaux sont probants pour des cascades réussies et n'utilisant l'apport du numérique qu'avec une parcimonie judicieuse.
Donc, ce "L'oeil du mal" s'avérera être un "blockbuster" cohérent, prenant et questionnant qui méritera largement que l'on s'y attarde avec son discours plus riche qu'à l'accoutumée mais qui ne viendra pas pour autant faire trop d'ombre à une action bien présente et souvent spectaculaire !
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