Ce sera en misant essentiellement sur son atmosphère aussi morbide que poétique que ce "Messiah of evil" va réussir à s'imposer comme une véritable réussite injustement méconnue avec son intrigue lorgnant du côté des écrits de Lovecraft et sans jamais rechercher l'esbroufe sanglante au cours de temps forts marquants.
Le script va laisser une jeune femme se rendre dans une petite ville côtière afin d'y retrouver son père, un artiste peintre qu'elle n'a pas vu depuis longtemps, sans se douter qu'une malédiction règne sur l'endroit.
L'entame pré-générique du film sera déjà marquante avec cet homme, visiblement acculé par quelque chose que nous ne verrons pas, qui va se réfugier chez une jeune fille pour au final se faire égorger par cette demoiselle. Ensuite le métrage va laisser le personnage principal commencer en voix-off par lancer un avertissement lugubre et sans appel avant de lui laisser nous conter son histoire pour un flash-back qui occupera l'ensemble du film.
En effet, cette jeune femme, Arletty, va poursuivre, toujours en voix-off sa présentation en nous expliquant pourquoi elle se rend à Point Dune, puisque c'est de là qu'elle a reçu la dernière lettre étrange de son père, Joseph Long, un peintre renommé apparemment tourmenté. Une pause dans une station-service imposera un malaise qui ne quittera plus le spectateur puisque le pompiste, après avoir servi Arletty semblera complètement terrifié et envoûté par l'arrivée d'un autre client, une sorte d'albinos au faciès dément qui transportera des corps à l'arrière de son pick-up, tandis que ce pompiste sera tué de manière atroce peu de temps après le départ d'Arletty, pour une séquence forte mais ne versant pas pour autant dans le gore.
Arletty arrivera alors à la demeure de son père pour la trouver vide de tout habitant, mais al visite des lieux apportera un climat étrange et poétique au métrage avec notamment ces peintures plus que réalistes qui vont orner les murs, comme si de multiples personnages immobiles étaient présents sur place. Arletty trouvera le journal de son père, pour y lire des passages guère engageants sur la santé mentale de celui-ci et va commencer à enquêter en ville dans l'espoir de retrouver la trace de son géniteur. C'est ainsi qu'elle aura vent de le présence de trois personnages recherchant également Joseph Long et descendus à l'hôtel du village, lieu où Arletty va s'empresser de se rendre.
Ce qu'elle y découvrira sera bien bizarre puisqu'elle va tomber sur un trio composé de Thom, un jeune homme intéressé par les légendes et qui sera accompagnés par deux demoiselles affriolantes. Le trio laissera entrer Arletty pour lui intimer le silence puisqu'ils sont en train d'écouter l'histoire relative à la ville, contée par un vieil alcoolique. Arletty quittera le trio après un bavardage sans intérêt pour elle pour alors recevoir l'avertissement du vieil homme concernant son père et la nécessité de tuer ce dernier en le brûlant.
Peu après, Arletty aura la surprise de découvrir que Thom et ses compagnes se sont installés chez elle, ayant été congédiés de l'hôtel suite à la mort du vieil alcoolique pourtant mort dévoré par des chiens. Arletty accueillera bon gré mal gré ces trois invités dans l'ambiance toujours onirique de la demeure de son père, pour peu à peu laisser la malédiction présente sur la ville se montrer au grand jour, jusqu'à ce dernier acte édifiant, terrifiant et furieusement réussi.
Le métrage pourra donc compter largement sur son atmosphère surréaliste, quasiment onirique et macabre pour investir le spectateur envoûté aussi bien par ces décors splendides que par ce sentiment d'isolement qui va engloutir l'ensemble du film dans une solitude communicative (le supermarché par exemple) et parfois presque mélancolique, comme la quête de ce père disparu pour Arletty, mais pour autant l'intrigue va se réserver des temps forts terribles, remarquablement mis en forme et en œuvre, comme cette terrible séquence dans le cinéma ou encore l'attaque finale, tandis que la descente aux enfers de l'héroïne sera parfaitement orchestrée pour ainsi bluffer le spectateur jusqu'au final.
Et même cette malédiction quand même inspirée des écrits de Lovecraft sera rudement bien construite et imagée par ces flash-backs à l'intérieur même de l'intrigue principale pour en plus laisser ces silhouettes graphiques et terrifiantes envahir le dernier acte du métrage de manière probante pour engendrer l'effroi et une tension palpable qui ne retombera aps jusqu'à la dernière image.
Les personnages, bien qu'un peu légers pour certains (la jeune Toni notamment), auront tout leur rôle à jouer, même si ce ne sera que pour servir au final que de victimes lors des scènes-chocs du film, et ce tout en confinant cette ambiance hors du temps propre au métrage. L'interprétation suivra pour surtout laisser Marianna Hill camper une Arletty convaincante, tandis que la mise en scène du réalisateur William Huyck, épaulé par son épouse d'alors Gloria Katz, sera largement efficace pour assumer et magnifier l'atmosphère du film et gérer les passages tendus avec une aisance et un sens de l'image rare. Les quelques effets spéciaux resteront discrets mais impactants pour ces rapides plans sanglants guère appuyés.
Donc, ce "Messiah of evil" sera un pur joyau d'épouvante atmosphérique qui mériterait une reconnaissance plus large et qui réussira sans coup férir à envoûter son spectateur !
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