Sorti en 2008, JOHN RAMBO marqua le retour de l'ex-béret vert presque vingt ans après un RAMBO III distrayant mais sans réel intérêt. Ce quatrième épisode d'une série initié en 1982 reçu un accueil critique remarquable et confirma le retour de Sylvester Stallone au premier plan, retour amorcé l'année précédente avec ROCKY BALBOA. Le film fût particulièrement remarqué entres autres pour son extrême violence graphique et l'incarnation de Stallone. Rambo y était présenté comme un être désabusé qui finissait par accepter le fait qu'il était un tueur-né. Sylvester Stallone nous livrait donc un film brutal et sans concession qu'il assumait parfaitement.
Pourtant, deux ans plus tard, l'acteur-réalisateur retourne en salle de montage et nous propose une version director's cut de son film. Simple manoeuvre commerciale ou véritable souhait de la part de Stallone d'améliorer son film, de le nuancer par rapport au montage original ? Difficile à dire. Mais il faut reconnaitre que ce director's cut n'est pas juste un montage incluant des scènes coupées mais bel et bien un remodelage de ce quatrième épisode de la série, sans que l'histoire en soit toutefois modifiée.
Stallone semble, dans un premier temps, avoir voulu édulcorer visuellement son film. Nombre de plans "gore" ont en effet été raccourcis quand ils n'ont pas complètement disparu. Les plans d'enfants abattus ou transpercés par des baïonnettes n'apparaissent presque plus dans le film. Cela ne veut pas dire que le film y perd en intensité car le sujet reste le même. Les séquences d'explosion ou de fusillades sont toujours bien présentes malgré ces modifications. En revanche ce nouveau montage commence en douceur, contrairement au précédent qui nous présentait une scène d'exécution dans une rizière et par la même occasion, le "méchant" du film. Ce passage apparait plus tard et nous assistons donc directement à la séquence nous présentant Rambo chassant des serpents, séquence qui est quelque peu rallongée. Mais la réelle différence de cette version par rapport à la précédente est le nombre de dialogues ajoutés entre Rambo et le personnage de Sarah. Cette dernière passe cette fois beaucoup plus de temps à tenter de convaincre le soldat de les aider. Le lien entre ces deux personnages, déjà présent dans le premier montage, semble beaucoup plus important cette fois. Rambo se livre à elle durant le voyage sur la rivière en lui expliquant d'où il vient. C'est probablement la première fois depuis très longtemps que cet homme parle de lui. De la même façon, les regards qu'ils échangent lors du débarquement n'apparaissaient pas auparavant. Cela sera également le cas après le massacre final. Là où Rambo contemplait son oeuvre et jettait un regard détaché et vide d'émotion en direction de la jeune femme dans la première version, il ne la quitte maintenant pas des yeux tandis qu'elle cherche son fiancé, avant de lui faire signe de la main et de partir après que Sarah lui ai rendu son salut.
Car c'est là qu'est la grande différence entre les deux montages : alors que Rambo finissait par s'accepter tel qu'il est c'est à dire un être qui à "ça" dans le sang, il est désormais présenté comme un personnage voulant définitivement en finir avec cette violence. Lorsque le soldat revient au bateau des pirates pour tout brûler, on constate qu'il jette son couteau dans les flammes par la même occasion. Signe qu'il ne tuera plus jamais personne. Incontestablement, sa rencontre avec Sarah l'a profondément marqué. De la même façon, son monologue intérieur qui accompagne la fabrication de son nouveau couteau est à présent remplacé par une prière du pasteur venu l'informer de la disparition de Sarah et son équipe, là où il s'avouait auparavant être fait pour tuer.
Quel est donc le meilleur montage de JOHN RAMBO ? Impossible de répondre à cette question car les deux versions, tout en étant presque identiques, comporte des plans ou dialogues qui changent radicalement la personnalité du héros. Chacun préfèrera l'un ou l'autre montage, selon sa sensibilité. Psychopathe ou personnage en quête de paix, JOHN RAMBO reste un film vraiment efficace et un spectale impressionnant malgré une violence extrême tout au long du film.
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