Qui aurait pû croire il y a encore quatre ans au retour de Sylvester Stallone ? Après une série de méga-succès dans les années 80-90, l'acteur-réalisateur avait sombré dans les limbes du box-office en enchainant une quantité astronomique d'échecs commerciaux. Au début des années 2000, Stallone finit même dans une émission de télé-réalité qu'il présente. Après un magnifique ROCKY BALBOA auquel personne ne croyait lors de sa mise en chantier, Stallone enchaina sur ce JOHN RAMBO. Icone des années 80, le personnage emblématique de l'ère Reagan était progressivement devenu une caricature, un sujet de moquerie et surtout un personnage totalement démodé. Même Charlie Sheen en avait livré une parodie (délirante, il faut bien l'avouer) dans HOT SHOTS 2... De plus, RAMBO III fût à l'époque de sa sortie un succès mitigé malgré son budget record. Et pourtant, c'est à une véritable renaissance que nous convie Sylvester Stallone, tout comme il le fit pour Rocky l'année précédente.
Stallone s'est tout d'abord demandé quel était actuellement l'endroit le plus dangereux au monde. Tout les spécialistes semblent lui avoir répondu la même chose : la Birmanie. Le réalisateur nous dépeint donc un pays d'une extrême violence, ravagé par les guerres civiles depuis plus de cinquante ans, tout en affirmant être loin de la réalité concernant les atrocités qui y sont commises. Pourtant JOHN RAMBO nous présente ce qui semble être l'enfer sur terre. En effet, bien que les films de la série RAMBO ne soient pas réputés pour faire preuve de délicatesse, il faut reconnaitre que ce quatrième épisode bat tout les records d'un point de vue violence graphique. Des corps explosant près des mines ou sous l'impact des balles, des enfants massacrés à la baïonette ou jetés dans les flammes, des femmes violées et j'en passe... JOHN RAMBO nous présente une violence plus graphique, plus gore et beaucoup plus dérangeante que celle des épisodes précédents, bien qu'elle apparaisse finalement nécessaire de par son sujet. Mais à aucun moment cette violence ne fait rire, elle est brutale, sèche et nous ferait presque détourner les yeux de l'écran tant elle est présentée de façon réaliste.
Mais ce qui intéresse Stallone plus que tout, c'est bien entendu son personnage fétiche. Rambo a fini par se couper du reste du monde "civilisé". Totalement désabusé, il vit en chassant et vendant des serpents dangereux et ne semble plus avoir la moindre considération pour ses semblables. Jusqu'à l'arrivée d'un groupe de missionnaires et, parmi eux, Sarah qui va tenter de convaincre l'ex-béret vert de les conduire jusqu'à un camp Birman, malgré les mises en garde de ce dernier. La jeune femme est persuadée que l'homme est bon de nature et mérite d'être aidé. Rambo est quand à lui totalement convaincu de contraire. Bien entendu, le voyage va mal se terminer pour le groupe et Rambo, seul personne sachant où ont été déposé les missionnaires, va être appelé à la rescousse afin de guider un groupe de mercenaires jusqu'au camp où pourrait être retenus Sarah et son équipe.
La chose la plus surprenante au premier abord de la part de Stallone, c'est l'orientation qu'il décide de donner à son personnage. Longtemps considéré comme une victime de la guerre du Vietnam forcé de tuer pour son pays, Rambo s'avoue enfin à lui-même qu'il est un authentique tueur-né. A la limite du psychopathe. Ce n'est pas pour son pays qu'il a tué, mais pour lui seul. "Tu sais qui tu es, de quoi tu es fait !" se dit Rambo tout en forgeant une nouvelle arme blanche avant de prendre part à une mission de sauvetage qui va virer au massacre. Massacre dont Rambo est le maitre d'oeuvre et qu'il contemple d'ailleurs d'un air détaché dans les dernières minutes du film, jetant un regard impitoyable vers Sarah d'un air "maintenant, tu sais !". La séquence finale n'en est que plus surprenante mais cependant apaisante et libératrice après un tel massacre ininterrompu.
Assurément, ce quatrième et vraisemblablement dernier épisode de la série est le plus intense depuis le film original. Rambo y est présenté comme un être revenu de tout et qui ne semble plus rien attendre de la vie. A aucun moment Stallone ne choisit la facilitée pour dépeindre son personnage fétiche (avec celui de Rocky) et il nous prouve surtout qu'à soixante ans, il en a encore dans le ventre. Quoiqu'il en soit, c'est avec plaisir que l'on retrouve ce personnage mythique qui mérite vraiment une telle résurrection de la part de son interprète.
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