Sans aucun doute, le début des années 90 nous aura offert un certain nombre de films possédant un bien étrange record et cela même pour son époque : celui du plus grand nombre de morts dans un film. De 58 MINUTES POUR VIVRE à ROBOCOP 2, certains films sortis au cours de cette année 90 annonçaient fièrement un nombre toujours plus grandissant de cadavres. Et TOTAL RECALL ne dérogea pas à la règle. Réalisé par Paul Verhoeven avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal, ce film de science-fiction destroy n'épargne pas ses personnages ni ses spectateurs. Mais heureusement pour nous, TOTAL RECALL possède également (et surtout) un excellent scénario.
Nous sommes dans le futur et la planète Mars a été colonisée. Elle est toutefois en proie à de violents affrontements entre les colons et le gouvernement sur place. L'histoire est celle de Doug Quaid, un homme sans histoires avec femmes et amis. Mais Doug fait des cauchemars récurrents à propos de la planète Mars et d'une magnifique jeune femme brune. Sa curiosité est attirée par une publicitée vantant les mérites de l'agence Rekall. Cette agence implante de faux souvenirs dans le cerveau de ses clients. En choisissant un séjour sur Mars, Quaid réactive ce qui semble être de véritables souvenirs. Mais cela n'est pas la seule conséquence de cette "réactivation". Poursuivi par des tueurs professionnels et par ceux qu'il considérait comme ses amis, Quaid met les voiles et décide de s'enfuir sur Mars. Sur place, il va retrouver différentes personnes qui semble le connaitre, en bien ou en mal. Et si Quaid était en réalité une autre personne totalement différente ?
Voici ce qui est sans aucun doute un des meilleurs films de SF des années 90. Après ROBOCOP et avant STARSHIP TROOPERS, Paul Veroheven nous offre ce TOTAL RECALL ultra-violent et réellement spectaculaire. On reconnait aussitôt le style du réalisateur de ROBOCOP. Chairs qui explosent, impacts de balles qui font vraiment mal, et méchants particulièrement vicieux. Arnold Schwarzenegger interprète ici ce qui est peut-être bien son meilleur rôle. Le pauvre Quaid est aussi perdu que nous dans sa quête d'identité. Son monde s'écroule sous nos yeux et le pauvre ne sait plus où se situe le rêve et la réalité. Par exemple, la séquence où intervient le médecin qui tente de "raisonner" Quaid est à ce titre très réussi. Mais cela ne l'empêche pas de passer à l'action avec une sauvagerie rarement atteinte lors des affrontements avec les hommes du gouverneur Cohagen. Si Sharon Stone nous offre son premier rôle "sérieux" en tant qu'épouse peau de vache de Quaid, c'est surtout au génial Michael Ironside que revient la palme du parfait salaud. Tel un pitbull enragé, Richter (c'est son nom) ne lâche jamais sa proie. Ce type déteste Quaid plus que tout et on le comprend lorsque le motif de sa haine nous est dévoilé au beau milieu du film.
L'atout majeur de TOTAL RECALL, c'est bien sûr son scénario. Basé sur une nouvelle de Philip K. Dick, ce film nous promène régulièrement entre rêve et réalité si bien que même après le générique final, le doute persiste quand à la réalité de toute cette aventure sur Mars. Et ce n'est certainement pas Verhoeven qui va nous servir sur un plateau des indices pouvant nous permettre d'y voir plus clair. Mais il me semble évident que c'est justement cela qui fait tout le charme de ce film.
Signalons également les superbes maquillages de Rob Bottin concernant surtout les mutants de la planète Mars, victimes des radiations issues de cette même planète. Tous ces maquillages sont très réalistes (autant que possible pour un film de SF en tout cas) et laissent rêveur lorsque les radiations donnent naissances à certaines protubérances supplémentaires. Ceux qui ont vu le film savent de quoi je parle..... Certains ont par contre reproché au film ses effets spéciaux parfois un peu datés. Les têtes qui explosent ou encore la fausse tête de Quaid lors de son arrivée sur Mars semblent avoir été filmées image par image. Cela donne un coté saccadé aux plans concernés. Quand on connait les effets spéciaux hallucinants de TERMINATOR 2 à peine un an plus tard, on se pose des questions... Pour ma part, je pense que ces effets sont voulus par le réalisateur, peut-être pour accentuer la possibilté du rêve.
Même chose concernant les décors du film qui sentent un peu trop le studio par moments. La deuxième partie de l'histoire se déroule en effet en intérieur et les décors semblent peut-être faire un peu carton-pâte par endroits. Difficile de critiquer cet aspect du film car ces décors sont tout de même très réussis malgré le coté claustro de ces galeries martiennes.
Sans aucun doute, TOTAL RECALL est un petit chef d'oeuvre de SF réalisé par un fou furieux qui ne ménage pas ses spectateurs. Et même si le coté gore et ultra-violent du film peut en rebuter certains, nous avons surtout droit à un spectacle sans aucun temps morts avec un scénario en béton qui nous permet de revoir TOTAL RECALL encore et encore avec un plaisir certain.
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