Audiard est à une époque où, stimulé par une éventuelle carrière tardive de romancier et lassé par un abusif statut d’amuseur léger voulait surfer sur des thèmes plus funestes (Pile ou Face, Mortelle Randonnée, Garde à vue, On ne meurt que deux fois…). J’imagine qu’il s’est ennuyé à mourir à tourner avec de Broca. Car la « touche Audiard » on a du mal à la ressentir tout au long de ces deux films alimentaires mettant en scène une Girardot en fliquette amoureuse et un Noiret en gros chat hédoniste. C’est d’autant plus flagrant pour Girardot que le cycliste aimait tant voir, elle et sa gouaille, en ménagère ou en flingueuse.
Dans les deux cas on matte sa montre, on a appréhendé ce qui sert d’intrigue avant la narration et on note les fautes de goût du metteur en scène. C’est vrai que pendant que l’on fait ça on n’est pas au bistrot.
Néanmoins, dans le premier opus « Tendre poulet », les dernières vingt minutes, bien que téléphonées sont assez bien mises en scène. De Broca n’est pas Hitchcock mais l’ensemble tient la route. Aussi, la perspective absurde de la scène finale, avec un Noiret dinant devant l’assassin qui le braque, peut rappeler justement la noirceur de « Pile ou Face ».
Dans le deuxième par contre, « On a volé la cuisse de Jupiter », via les seconds rôles et notamment Francis Perrin, dont la réussite demeurera à jamais un mystère, on passe directement de la comédie populaire à la série B de bidasses. Ça joue faut, ça raccorde faut, ça sonne faut.
Pas besoin de se payer Girardot, Audiard et Noiret pour tourner du Philippe Clair. Mais de Broca avait sans doute besoin d’un prétexte afin que les producteurs lui laissent filmer Catherine Alric en petite culotte, ce qui reste en toute sincérité l’intérêt majeur de cette série surfaite.
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