Malgré tout le bien que je pense de Bruce Willis, il faut bien reconnaitre que cet acteur n'est réellement bon que lorsqu'il est bien dirigé. John McTiernan avec DIE HARD 1 et 3, M.Night Shyamalan avec SIXIEME SENS ou INCASSABLE ou bien Quentin Tarantino avec PULP FICTION ont su exploiter le talent du bonhomme. A cette liste, il convient d'ajouter Terry Gilliam qui mit en scène l'acteur en 1995 avec L'ARMEE DES 12 SINGES.
L'ARMEE DES 12 SINGES s'inspire du court-métrage LA JETEE de Chris Marker et sorti en 1962. Le film de Terry Gilliam présente une espèce humaine vivant sous la surface de la terre suite à la propagation d'un virus mortel survenu en 1996. Parmi cette population se trouve un prisonnier nommé James Cole. Ce dernier est désigné volontaire afin de remonter le temps et découvrir comment le virus est apparu. Mais le pauvre James est considéré comme fou à notre époque et il va se voir dans un premier temps interné dans un asile. Il va y rencontrer le jeune Jeffrey Goines, légèrement perturbé. Mais il va surtout faire la connaissance du Docteur Railly, une psychiatre incrédule qui reste stoïque face aux déclarations de James mais qui va progressivement s'y attacher au point de remettre en question tout ce auquel elle croit. Mais alors que la jeune psychiatre commence à prendre au sérieux le pauvre James, ce dernier se demande finalement si il n'est pas tout simplement fou....
Et c'est là tout l'intérêt du film : et si le personnage incarné par Bruce Willis était tout simplement dérangé ? Et si ce n'est pas le cas ? Terry Gilliam joue avec ces deux possibilités à travers un scénario génialissime. James Cole fait des allers et retours dans le temps. En 1995, 1914 et 1996 avant de regagner son époque. A moins que tout cela ne se passe dans sa tête, le pauvre bougre ayant vraisemblablement des problèmes de comportement. Mais ce personnage marginal est le seul à savoir ce qui attend l'humanité dans les semaines à vernir. D'où sa joie véritable lorsqu'il commence à penser que toute cette histoire n'est que le fruit de son imagination et qu'il est finalement ravi d'être fou à lier. Quoiqu'il en soit, Gilliam nous dépeint un futur inquiétant qui n'est pas sans rappeler celui de BRAZIL, ne serait-ce qu'au niveau des décors futuristes réellement oppressants.
Mais ce film fonctionne réellement bien grâce à ses acteurs. Bruce Willis bien sûr mais aussi la superbe Madeleine Stowe dans le rôle du Docteur Railly. L'actrice nous campe un personnage à la fois fort, déterminé et réellement fragile. Son duo avec Willis fonctionne à merveille même lorsque leur relation évolue. On notera aussi la présence de Brad Pitt, alors en début de carrière. Son personnage de doux dingue est irrésistible même si son interprète semble en faire un peu trop parfois, surtout durant les scènes se déroulant à l'asile. Notons aussi la participation de l'excellent Christopher Plummer ainsi que celle de David Morse dans le rôle bref mais inquiétant d'un scientifique.
On peut remarquer que excepté les scènes se déroulant dans le futur, Terry Gilliam a su mettre la pédale douce sur les délires visuels et autres coups de folie qui caractérisent la plupart de ses films. Ici, la mise en scène est relativement sobre si on excepte les interrogatoires de Cole où encore l'évasion des animaux du zoo. Cela n'empêche pas L'ARMEE DES 12 SINGES d'être l'un des meilleurs films de Terry Gilliam, surtout qu'il est produit par Universal, le studio même qui lui avait mis un maximum de bâtons dans les roues lors du tournage et de la sortie de BRAZIL quelques dix ans plus tôt. Ironique...
Terry Gilliam n'a d'ailleurs pas connu de véritables succès commerciaux depuis ce film sorti il y a quinze ans et dont le look particulier, le scénario au suspens bien présent, l'ambiance quelque peu désespérée et la motivation des acteurs en font un film ne ressemblant à aucun autre ce qui nous permet de le voir et de le revoir sans parvenir à se lasser.
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