Sorti en 1989, le BATMAN de Tim Burton avait pulvérisé les records d'entrées au cinéma faisant de ce film l'un des plus grands succès de tout les temps ( à l'époque, cela voulait vraiment dire quelque chose). Impossible donc d'échapper à une suite des aventures du dark knight... Restait alors à savoir qui allait être de retour dans ce deuxième épisode et qui allait mettre en scène ces nouvelles aventures. Si le nom de Tim Burton paraissait évident, il faut savoir que le réalisateur avait tellement été lessivé par le tournage du premier épisode qu'il n'envisageait pas forcément de rempiler. Mais après un EDWARD AUX MAINS D'ARGENT qui lui avait apporter une véritable bouffée d'oxygène, Burton décida finalement d'accepter l'offre de la Warner de mettre en scène cette suite. Mais Burton posa ses conditions : ce film serait SON film et personne ne viendrait interférer dans le bon déroulement du tournage.
Difficile donc de considérer BATMAN LE DEFI comme une simple suite du précédent tant ce film est mille fois supérieur à l'original. Burton se lâche complètement dans cet opus qui met cette fois en scène les personnages du pingouin et de Catwoman en guise de "méchants". Et il apparait tout de suite évident que Tim Burton semble plus attiré par ces personnages que par celui de Batman. Le justicier est en effet encore une fois en retrait et semble finalement plus enclin à contempler le spectacle plutôt qu'à y participer. Cela n'empêche pas l'homme chauve-souris de tomber sous le charme de Catwoman. Normal, la dangereuse féline est campée par une Michelle Pfeiffer qui trouve là le rôle de sa vie. Tour à tour psychopathe, dangereuse, fragile et amoureuse, Selina Kyle est un des plus beaux personnages de la série, le plus tragique sans doute. Cela est pourtant également le cas du personnage du pingouin, monstre assumé, abandonné à la naissance par ses parents et dont le désir de revanche, voire même de vengeance va faire bien des dégats. Mais ces deux créatures ne sont rien en comparaison du véritable monstre du film, Max Shrek. Personnage avide de pouvoir, menteur et manipulateur, Shrek va utiliser la sympathie grandissante des habitants de Gotham City vis-à-vis du pingouin pour propulser ce dernier au poste de maire et servir ainsi ses intérêts personnels. Mais Shrek commet également une erreur monumentale et provoquant la "naissance" de Catwoman. Dans ce rôle de salopard intégral, le génial Christopher Walken semble vraiment se faire plaisir, et à nous aussi par la même occasion.
Quand à Batman lui-même, nous assistons à sa solitude qui ne semble s'interrompre que lors de ses sorties dans le costume de chauve-souris. Le personnage est de plus en plus fermé aux autres et n'a de véritable compagnie que celle de son fidèle majordome Alfred. Jusqu'à l'entrée en scène de Selina Kyle. Mais l'homme semble bien plus à l'aise dans son costume de chauve-souris que lorsqu'il cotoie ses semblables. Il suffit d'entendre le pingouin lui affirmer : "Vous êtes jaloux parce que je suis un vrai monstre, alors que vous, vous devez porter un masque ! - C'est bien possible" lui rétorque alors le justicier masqué. No comment...
Des monstres, le film en possède pourtant quelques uns. Il suffit de citer les membres du cirque, compagnons du pingouin et véritables gangsters qui sèment la panique dans Gotham City, nous offrant par là-même des séquences de baston mémorables (l'homme à la dynamite...).
BATMAN LE DEFI est un film magnifique, peut-être bien le meilleur de toute la filmographie de son réalisateur. Les décors, radicalement différents de ceux du premier film, sont d'une beauté absolue sous une couche de neige renforçant l'aspect sinistre de cet univers. N'oublions pas la musique de Danny Elfman, qui tient lui aussi ce qui pourrait bien être son chef d'oeuvre. En reprenant les thèmes du premier film, Elfman la rend bien supérieure avec des envolées magistrales. Lors des scènes d'action bien sûr, mais aussi durant les faces à face Catwoman-Batman ou bien encore le superbe final du pingouin qui n'est pas loin de nous arracher quelques larmes.
Pour beaucoup, BATMAN LE DEFI reste la meilleure adaptation au cinéma de l'homme chauve-souris, même si l'univers présenté ici est plus du à Tim Burton qu'à Bob Kane. Mais la Warner fût refroidit par les réactions négatives et effrayées de certaines associations bien-pensantes et très puissantes aux USA (Quelle bande de cons !). Malgré un démarrage foudroyant, BATMAN LE DEFI obtint un nombre d'entrées inférieurs au premier film. Cela aura pour conséquence la réalisation d'un troisième épisode réalisé par Joël Schumacher, qui marquera l'envol de Batman dans un univers de n'importe quoi qui se poursuivra avec un BATMAN & ROBIN qui enverra le caped crusader aux placards quelques années jusqu'à sa glorieuse renaissance avec BATMAN BEGINS.
|