Sorti en 1989 sur les écrans du monde entier, BATMAN était alors une des adaptations de comics les plus attendues. Le film était en gestation depuis 10 ans et la sortie du SUPERMAN de Richard Donner. Et si Batman avait déjà fait l'objet d'une adaptation cinéma tirée de la délirante série du même nom dans les années soixante, elle ne pouvait en aucun cas soutenir la comparaison avec le film de Tim Burton, ne serait-ce que par la façon dont le super-héros est cette fois traité.
C'est donc le succès de SUPERMAN qui décida la Warner à mettre en chantier BATMAN. Bien des options furent envisagées tout comme le nombre d'acteurs et de réalisateurs afin de donner vie aux aventures du caped crusader. Mais c'est finalement l'arrivée de Tim Burton qui lança vraiment cette adaptation. L'univers déjà bien défini de Burton orienta l'histoire et le style du film. Pas question par exemple de suivre un schéma classique "à la SUPERMAN" où Bruce Wayne enfant verrait ses parents assassinés pour ensuite le suivre à l'adolescence puis à l'âge adulte. Ici, Batman hante déjà les rues de Gotham City (même si la population ne semble pas le connaitre...) et garde presque pour lui son traumatisme d'enfance.
Quand au look de Batman, il est sensiblement différent de celui de la BD : pas de collants, ni de couleurs grises et noires. Ici, Batman porte une combinaison, sorte d'armure de couleur intégralement noire. Et surtout, pas de Robin. Ce personnage n'a, de l'aveu même du réalisateur, jamais intéressé Tim Burton car ce dernier ne savait pas vraiment quoi en faire.
Ce qui nous amène aux acteurs. Si le personnage du Joker est sans réelle surprise attribué à Jack Nicholson, celui de Batman aura été plus délicat. Tim Burton ne voulait pas d'un acteur de la carrure de Schwarzenegger car dans ce cas"pourquoi aurait-il besoin de se déguiser en chauve-souris ?". Bien des candidats ont été envisagés, mais Burton jette son dévolu sur Mickael Keaton avec qui il a tourné BEETLEJUICE l'année précédente. Et là, c'est l'indignation générale : Keaton n'a pas les épaules solides pour ce rôle et il est surtout connu comme acteur comique... L'acteur se révèlera pourtant impeccable dans le double rôle de Bruce Wayne/Batman même si certains le trouveront un peu trop passif et effacé face à son ennemi mortel, le Joker.
Car la vraie star du film, c'est peut-être bien le joker. Dans ce rôle de malade mental au dernier degré, Nicholson en fait des tonnes et en rajoute à chaque scène, faisant de BATMAN un véritable show à la Nicholson. Et bien que le personnage et son destin aient été quelque peu modifié par rapport à la BD, ce joker nous fait passer un excellent moment. On passera sur la prestation de Kim Basinger, pas vraiment mauvaise mais dont le rôle de femme en détresse aurait pû être jouée par n'importe quelle autre actrice, ce qui aurait été le cas si la pauvre Sean Young n'avait pas été victime d'un accident de cheval quelques jours avant le début du tournage...
Il serait par contre dommage de ne pas citer les fabuleux décors composant la ville de Gotham, que l'on peut considérer comme un personnage à part entière. Ces décors oppressants possèdent un coté rétro-futuriste lorgnant du coté du METROPOLIS de Fritz Lang. Magnifique! Même chose en ce qui concerne la superbe partition signée Danny Elfman et qui allait devenir inséparable de Tim Burton, à deux exceptions près. Le générique de début nous plonge aussitôt dans l'ambiance et l'univers du justicier masqué et cette musique deviendra indissociable des films de Batman, tout du moins en ce qui concerne les deux premiers épisodes. Hélas, c'est Prince qui, à l'époque obtint un grand succès avec son médiocre Bat-Dance, un album qui n'arrivait pas à la cheville de celui de Danny Elfman.
BATMAN obtint donc un succès énorme à l'époque de sa sortie. Le film mais aussi (et surtout, diront certains) le merchandising autour de celui-ci rapporta des sommes considérables à la Warner et fit de BATMAN un des plus gros succès de tout les temps. En France, l'accueil fût beaucoup plus modéré du fait de la méconnaissance des français de l'univers de Batman mais aussi à cause d'un matraquage publicitaire et médiatique épuisant durant tout l'été 1989. Ainsi, le public fût saturé de Batman avant même la sortie du film et préféra se ruer sur le superbe ABYSS de James Cameron. Quand à Tim Burton, il reconnaitra ne pas avoir pû tourner le film dont il rêvait, la pression émanant du studio étant trop forte du fait d'un enjeu commercial très important. Cela n'empêchera pas Burton de remonter en selle trois ans plus tard et de nous offrir un superbe BATMAN LE DEFI.
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