Pessimisme crépusculaire, folie meurtrière et suicidaire, romantisme noir caractérisent Mortelle randonnée. La structure du film se fonde sur le caractère répétitif des situations, caractéristique de l'obsession, répétition qui ne peut lasser puisqu'elle s'exprime dans un perpétuel changement de registre, qui immerge le spectateur dans un mystère et une ambiguïté dont la fascination compense l'impossibilité dans laquelle on se trouve de s'identifier à des personnages par trop monstrueux. Mortelle randonnée est un film à deux personnages, interprétés par Adjani et Serrault. La première est donnée comme meurtrière dès le début du film. Le second passera à l'acte peu après en jetant un aveugle sous un autobus. Le film fonctionne aussi sur une mise en perspective de deux imaginaires. Adjani développe ses propres fantasmes qui la conduiront vers la mort et son comportement nourrit l'imaginaire de son "père" voyeur. Serrault s'invente une fille, substitut de sa propre fille, morte, et qu'il n'a pas connue. Mais on devine aussi une inclination que le détective ne s'avoue pas consciemment : l'amour qui l'aliène progressivement à la meurtrière et transforme cette relation à deux niveaux en rapport incestueux. La conclusion de cet itinéraire apportera au "père" la relative sérénité qui lui permettra, à lui aussi, d'entrer, off screen, consentant dans sa mort, une fois poussée la porte lui permettant de pénétrer, comme il dit, dans la photo. Soulignons la qualité de l'éclairage et de la musique, cette dernière caractérisée par un thème musical, La Paloma.
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