MINORITY REPORT sort en salle en 2002 et marque la première collaboration entre Steven Spielberg et la méga-star Tom Cruise. Amis depuis longtemps, ces deux hommes rêvaient de travailler ensemble sans que cela ne se soit concrétisé. C'est Cruise qui découvre le scénario de MINORITY REPORT, basé sur une nouvelle de Philip K. Dick à une époque où celui-ci était prévu pour devenir une possible suite au TOTAL RECALL de Paul Verhoeven. Mais le projet sera abandonné et se retrouvera alors entre les mains du duo Spielberg/Cruise. Si Cruise aligne les succès critiques et/ou commerciaux avec JERRY MCGUIRE, MISSION IMPOSSIBLE 2 ou MAGNOLIA, Spielberg, malgré le succès de IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN, a essuyé des résultats moyens avec AMISTAD et A.I., INTELLIGENCE ARTIFICIELLE. Une histoire telle que celle de MINORITY REPORT ne peut que le mettre en confiance.
L'histoire est celle de John Anderton, policier travaillant au sein de l'unité "Précrime". Cette unité intervient sur les scènes de meurtres avant que ceux-ci ne soient commis. Cela est possible grâce aux précogs, trois individus mis à l'écart et qui sont soumis à des visions de meurtres futurs. A John et son équipe de travailler à partir de ces visions et d'intervenir à temps. Mais les choses se corsent lorsqu'une huile du ministère de la justice commencent à fouiner au sein de Précrime et que John devient le principal sujet d'une vision de meurtre des précogs. En tant qu'assassin.
MINORITY REPORT est assurément l'un des meilleurs films réalisé par Spielberg, toutes époques confondues. L'histoire est assez sombre et très adulte, surtout si on la compare à sa précédente réalisation, A.I. Spielberg n'hésite pas, par exemple, à nous présenter un héros tourmenté et manifestement toxicomane (bien que la drogue utilisée soit fictive...). Anderton a perdu son fils et ne peut même pas en faire le deuil puisque l'enfant, ou son corps, n'a jamais été retrouvé. S'en est suivi un divorce et un chagrin terrible pour cet homme qui ne peut que se réfugier dans son travail.
Cruise livre ici également une excellente prestation, sa dernière bonne prestation diront certains. L' acteur nous fait réellement ressentir la douleur de son personnage, en particulier lors de la scène de flash-back à la piscine ou lors de sa visite chez son ex-femme, en compagnie du précog. On en viendrait presque à comprendre son dilemme lors de son face à face avec le fameux Leo Crow.
On retrouve également avec plaisir le génial Max Von Sydow en chef de Precrime, modèle de respect pour Anderton et qui semble également tenir le rôle du mentor et de figure paternelle. La belle Kathryn Morris, aujourd'hui star de la série COLD CASE est également parfaite et émouvante dans le rôle de l'ex-femme de John. Aussi douce que déterminée, elle est d'une classe incroyable face à Max Von Sydow. Colin Farrel nous livre également une interprétation impeccable dans son rôle de fouineur d'abord agaçant et antipathique mais qui se révèlera beaucoup plus nuancé qu'on aurait pû le croire. Même Samantha Morton qui joue Agatha, la plus puissante des précogs est superbe dans un rôle assez peu bavard. Son jeu nous laisse deviner la souffrance évidente de ce personnage assailli par les visions de meurtres qui lui font vivre l'enfer.
Film parfaitement maitrisé, au rythme soutenu et à l'interprétation impeccable, MINORITY REPORT bénéficie aussi d'une photographie particulière. Grain prononcé, image désaturée à la limite du noir et blanc avec des blancs presques brulés, la photo est l'oeuvre de Janusz Kaminski. Ce directeur de la photographie travaille avec Spielberg depuis LA LISTE DE SCHINDLER mais son travail sur MINORITY REPORT est peut-être le plus impressionnant qu'il ai livré. Les décors sont également splendides sans être trop futuristes et restent assez proches de notre époque. On relèvera bien entendu le coté "Orwellien" du film avec les lecteurs de rétines omniprésents et les publicités adaptées à chaque individu. Tout cela fait froid dans le dos mais n'est pas aussi éloigné que ça de notre vie de tous les jours.
Définitivement, MINORITY REPORT est un véritable bijou de science-fiction dite "intelligente" où Cruise et ses partenaires font de véritables miracles. Mais tout ceci serait vain sans la présence de Spielberg derrière la caméra. Sans nul doute, ce film qui peut déjà prétendre à sa place parmi les classiques se revoit sans déplaisir.
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