Même s'il fait partie du catalogue de la "Troma", ce "Combat shock" tranche radicalement avec l'ambiance humoristique et déjantée habituelle des oeuvres de la firme de Lloyd Kaufman, étant investi d'une atmosphère glauque et sombre pour nous décrire cette descente aux enfers d'un vétéran du Vietnam.
En effet, le script nous plonge dans le quotidien insalubre, délabré d'un homme au chômage depuis son retour du Vietnam, au travers de ses déboires sordides dans la jungle urbaine d'une cité.
Après une longue séquence d'ouverture revenant vraisemblablement sur un des épisodes ayant marqué le personnage principal lors de son séjour au Vietnam, le métrage s'incruste dans la vie de cet homme perturbé par ce qu'il a vécu là-bas, pour nous décrire un univers sale, morose, partagé entre les cris d'un bébé difforme, malformé ( certainement à cause de gaz ayant atteint notre homme pendant la guerre ) et une femme qui ne cesse de le vilipender par ce qu'ils n'ont plus d'argent et rien à manger, le tout dans un appartement complètement délabré et crasseux. Mais ce n'est quasiment rien comparé à ce qui l'attend dehors, entre un ami junkie n'hésitant pas à s'injecter directement de la drogue dans les veines par manque de seringue, un créancier pour le moins louche avec lesquels le "héros" aura maille à partir, le tout dans un ensemble de rues désertes et sales aux commerces désespérément fermés.
Car ce qui choque d'entrée dans ce métrage, c'est la volonté farouche du réalisateur d'instaurer un climat glauque et presque putride pour mieux nous montrer à quel point le monde du personnage principal sera propice à son pétage de plombs du final, tout en s'inscrivant bien entendu dans la lignée des oeuvres se livrant à une critique acerbe en règle de la guerre du Vietnam ( avec les exactions commises sur place évoquées et la réinsertion aucunement aidée et donc rendue impossible du vétéran ), mais en ne négligeant pas non plus de s'attaquer ouvertement à la politique sociale américaine délaissant les nécessiteux sans aucune aide réelle.
Et c'est en dressant ce constat terrible, ne prêtant que très rarement à sourire ( avec juste quelques pointes d'ironie au travers du physique des gens peuplant la file d'attente pour pointer au chômage, notamment ) que l'auteur alignera quelques scènes-chocs à la violence froide ( le junkie, le passage à tabac ) pour mieux exploser lors d'un final sanglant, glaçant et nihiliste au possible.
En privilégiant l'ambiance par rapport à l'action, l'auteur investit son métrage d'un rythme certes plutôt lent, accentué par des prises de vues sans fioritures, renforçant le côté "reportage" de l'ensemble, même si les visions récurrentes du personnage principal viennent régulièrement troubler la narration, pour mieux nous faire comprendre son agonie intérieure et nous faire appréhender son traumatisme profond.
L'interprétation juste et réaliste donne encore un peu plus de crédibilité à l'ensemble, et même les effets spéciaux y contribuent également, en étant volontaires et généreux, mais sans sombrer dans la surenchère ( même si le maquillage et l'animation du bébé monstrueux laisse quand même à désirer ).
Donc, ce "Combat shock" s'avère être tout simplement volontairement choquant dans son immersion dans un monde de misère et de violence, tout en amenant le spectateur à réfléchir sur les sujets évoqués !
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