El Dorado :
Après avoir réalisé en 1959 son excellent et cultissime Rio Bravo, Howard Hawks remet le couvert en 1966 avec un film qui apparaît à bien des égards comme une copie. Alors oui toute la thématique de Hawks y passe à nouveau. D’abord, il y a évidemment la description des membres d’un groupe qui ne sont jamais aussi forts que lorsqu’ils sont ensemble. La solidarité des membres du groupe fait penser au sublime Seuls les anges ont des ailes du même Howard Hawks. Le film nous montre également des personnages féminins très forts (comme cette jeune femme armée qui est bien décidée à venger son frère décédé), comme aime les décrire Hawks.
Si Rio Bravo n'existait pas, El Dorado serait certainement encore plus apprécié. Mais cela n'est pas le cas et les types de personnages sont franchement les mêmes et des situations se retrouvent entièrement : qu'il s'agisse des bagarres ou d'autres scènes (l'échange de prisonniers ; le repli stratégique à l'office du shérif, etc.).
Le film vaut tout de même le coup par sa distribution : John Wayne en libérateur ; Robert Mitchum en shérif alcoolique prêt à changer pour que les choses bougent en mieux ; mais aussi un jeune James Caan, une belle Charlene Holt, etc.
El Dorado demeure un bon film, mais qui souffrira immanquablement de son côté copié-coller de Rio Bravo.
7,5/10
L'homme qui tua Liberty Valance :
Réalisé par John Ford en 1962, L'homme qui tua Liberty Valance est peut-être un des films les plus mélancoliques de son auteur. Le film évoque d'abord le changement de la société avec par exemple le train qui a remplacé les diligences : « seul le désert est resté pareil ».
Le film est aussi et surtout une superbe étude sur la notion de héros. Car dans ce film il y a finalement deux personnages positifs : celui incarné par James Stewart qui est devenu le sénateur Stoddard de Shinbone. Il incarne le bien, la justice. Il y a aussi le personnage joué par John Wayne, cowboy au bon coeur qui protège les gens opprimés par les truands. Pourtant, seul un des deux aura réussi sa vie. Comme l'indique la célèbre réplique du film, « Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende ! ». Il y a presque un côté désabusé dans cette réflexion. Le héros n'est pas forcément celui auquel on pense.
Le film de John Ford a aussi une portée pédagogique. Il évoque le vote qui est un élément fondamental de toute démocratie. La loi est là pour lutter contre l'arbitraire. La loi doit être équitable pour tous (c'est la fin de la loi du plus fort). Le personnage joué par James Stewart est là pour socialiser les citoyens.
Au final, L'homme qui tua Liberty Valance est un film superbe qui possède plusieurs niveaux de lecture. Voilà un film à voir ou revoir de toute urgence.
10/10
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