Après les favelas et les industries pharmaceutiques, Fernando Meirelles en adaptant « L’aveuglement » de José Saramago nous prend par la main pour une vision métaphorique afin de mieux nous plonger dans le chaos humain.
La première personne atteinte par cet étrange virus situe immédiatement les faits, rendu soudainement aveugle au beau milieu d'un carrefour et totalement paniqué, les automobilistes se contentent de klaxonner sans se soucier le moins du monde de son état et certains piétons profitent même de son état pour mieux le voler. Toutes les personnes à son contact subissent le même mal et se retrouvent très vite cantonner dans un camp qu'on peut qualifier de concentration. Parmi toutes ces personnes, une seule possède encore la vue mais le cache.
A partir de ce moment, le réalisateur tisse méthodiquement sa toile de l'horreur humaine, une horreur psychologique bien plus que physique. Ces personnes sans aucun repère tentent bien dans un premier temps de s'adapter, mais l'isolement forcé et le manque cruel de nourriture va faire jaillir la bête qui sommeille dans l'homme et le désir de survie prend dès lors le pas sur toute humanité.
Difficile de faire un rapprochement avec les déportés de la seconde guerre mondiale, car c'était les geôliers les barbares, ici le monde animal règne en maître au sein même des aveugles, la force s'impose sur la raison.
Certaines scènes comme la résignation des femmes pour nourrir leur dortoir nous cloue littéralement d'effroi, rarement le dégoût a été aussi bien porté à l'écran.
Cependant cette cécité générale n'est pas l'aboutissement d'un inutile Phénomènes 2, mais au contraire une vision limpide du réalisateur, une prise de conscience que le respect pour ceux ne l'ayant pas encore vu m'évitera d'en dévoiler la trame.
Julianne Moore est phénoménale même si je la préfère dans son rôle de femme plutôt qu'en messie, difficile de détacher les autres acteurs tant leur justesse est de rigueur.
Pour ceux où le cinéma reste un divertissement ou n'ont pas franchement le moral, pour les jeunes enfants ou personnes sensibles, je leur préconise d'aller voir Avatar ou revoir pour la 28ème fois "La grande vadrouille". Maintenant pour ceux qui n'ont pas peur de se salir les yeux et d'encaisser un terrible uppercut à l'estomac, derrière le plaisir de conserver la vue viendra la magnifique sensation de ne pas avoir perdu son temps pour ces deux heures légèrement naïves mais sublimes !
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