Réalisé par Steve Miner, un habitué du cinéma horrifique, ce "Lake placid" ne prétendra certainement pas renouveler le genre au travers d'une intrigue très classique sur le fond mais deviendra largement appréciable par son traitement humoristique à la limite de la parodie et par une générosité certaine dans ses situations.
Le script va suivre l'enquête d'un petit groupe hétéroclite au bord d'un lac du Maine suite à un "accident" mystérieux ayant entraîné la mort d'un plongeur sur lequel sera retrouvé une énorme dent.
L'entame du métrage va respecter le protocole du genre en avançant ce plongeur censé baguer des castors et qui va donc plonger dans ce lac en étant accompagné depuis leur barque par un policier local ne semblant guère apprécier cette cohabitation avec son "compagnon" des "Eaux et forêts", pour une séquence classique jouant avec de fausses alertes pour mieux ensuite envoyer cette première attaque d'une créature que nous ne verrons pas mais causant des dégâts considérables sur sa victime, le réalisateur nous gratifiant d'une première surprise sanglante quelque peu téléphonée mais bien graphique.
L'intrigue va alors se lancer dans plusieurs situations permettant la présentation des personnages principaux, Jack Wells, un responsable des "Eaux et forêts" venant enquêter que la mort du plongeur sur lequel sera retrouvé une énorme dent, ce qui incitera le responsable d'un musée new-yorkais à envoyer sur place une de ses employées et au hasard ancienne amante avec qui il venait juste de rompre pour lui préférer une de ses collègues, tout ce petit monde sera alors réuni pour une expédition aux abords du lac afin de tenter de découvrir quel sorte d'animal s'y cache.
La mise en place de l'intrigue sera foncièrement souriante avec des protagonistes certes stéréotypés, mais dont les traits de caractère seront poussés à outrance pour délivrer des dialogues et des situations comiques irrésistibles misant notamment sur l'antagonisme régnant entre cette citadine et les gens du cru, tandis qu'à peine arrivés au bord du lac, ils seront rejoints par Hector Cyr, un excentrique scientifique richissime féru de crocodiles qui aura eu vent de l'accident et semblera persuadé que c'est un de ces reptiles qui en est responsable.
Le métrage va par la suite dérouler des événements ne sortant pas des sentiers battus du genre, avec des scènes de plongée dans ce lac qui tenteront avec un certain bonheur d'instaurer un petit suspense, quelques attaques plus ou moins prévisibles, mais là encore l'humour sera omniprésent pour un ton ironique et même croustillant comme lors de la rencontre avec cette vieille femme au langage grossier et infâme qui tranchera avec son apparence paisible, tandis que l'affrontement verbal perpétuel entre Hector et le policier local alimentera également des péripéties savoureuses et porteuses d'un comique certes parfois quelque peu répétitif (les pièges) mais frais et gentiment irrévérencieux.
Mais pour autant le crocodile énorme qui hantera le lac ne sera pas en reste et si Steve Miner optera pour un parcours très classique en ne dévoilant pas tout de suite le physique du monstre lors des premières attaques rapides, cela ne l'empêchera pas ensuite de mettre en avant sa créature que nous découvrirons d'ailleurs lors d'une scène particulièrement probante et surprenante pour ensuite avoir tout le loisir de la contempler, notamment lors du final assez bien trouvé et toujours souriant.
L'humour, plus que présent, n'interdira pas non plus la présence de séquences d'action rondement menées, lors des attaques du crocodile bien évidemment qui resteront impactantes et parfois même presque tendues pour sporadiquement avancer quelques petites dérives sanglantes jamais méchantes mais toujours bienvenues.
Les personnages joueront un rôle très important dans la réussite globale du métrage et de ce fait, ils seront tous bien travaillés, souriants dans leurs névroses, tandis que leurs relations n'engendreront pas la mélancolie entre cette bluette naissante entre deux personnages trop timides pour oser se lancer, et cette guéguerre stupide entre ce policier quelque peu simplet et ce Hector truculent dans ses délires verbaux hallucinés. L'ensemble bénéficiera d'une interprétation adaptée et convaincante, les acteurs donnant vraiment l'air de s'amuser devant la caméra, aussi bien Bill Pullman que Bridget Fonda, tandis que Oliver Platt campera avec aisance Hector. La mise en scène de Steve Miner est probante, pour suivre l'action de près tout en utilisant ses effets, notamment en caméra subjective, avec discrétion et justesse. Les effets spéciaux sont vraiment réussis, pour quelques plans sanglants volontaires mais surtout pour l'animation crédible d'un crocodile criant de vérité.
Donc, ce "Lake placid" saura se faire apprécier par son humour pas toujours très fin mais largement souriant et même savoureux, mais aussi par son caractère volontaire dans une action soutenue et qui parviendra facilement à faire oublier le classicisme de la base de l'intrigue !
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