Ayant pour titre original "Murder loves killers too", traduit basiquement chez nous par ce "Meurtres" sans âme, le métrage va se référer au "slasher" pour introduire une intrigue des plus classiques fort heureusement ici traitée sur un ton ironique et ultra référentielle, tout en parvenant à ménager des phases de suspense conséquentes lors d'une seconde partie qui débouchera sur un final plus qu'amusant et largement surprenant.
Le script va laisser cinq jeunes investir un chalet qu'ils ont loué afin d'y passer un week-end de fête, sans se douter qu'un tueur rôde.
Dès son introduction le métrage va quelque peu étonner en avançant une voix-off nous relatant un massacre ayant eu lieu quelques temps auparavant dans ces montagnes pour, tout en assurant la continuité d'un même plan, suivre la voiture des personnages principaux sillonnant une route déserte. Le métrage va alors pouvoir se lancer dans les traditionnelles présentations d'usage, ici heureusement réduites et bien déjantées grâce à des protagonistes loufoques et notamment une demoiselle complètement ahurie, laissant ces cinq jeunes continuer leur périple automobile dans la bonne humeur et un certain goût pour le danger puisque l'une des trois demoiselles présentes ne va pas hésiter à demander à son petit ami d'appuyer sur le champignon sans se préoccuper des risques, avec pour seul résultat de cramer le moteur de leur voiture. Forcés de finir leur chemin à pied, ils vont enfin arriver à destination pour investir ce chalet désert malgré la présence étrange d'une voiture stationnée devant. Après une rapide visite des lieux sans surprise, l'intrigue ne va vraiment pas tarder à lancer son jeu de massacre pour d'abord utiliser un effet de surprise probant pour faire disparaître la première victime, bientôt rejointe par une seconde, laissant au passage le réalisateur mettre en avant son meurtrier de façon directe pour de la sorte nous permettre de faire connaissance avec cet homme d'apparence débonnaire mais en fait cruel et violent comme nous le démontrera une scène gore assez graphique mais facile et enfin, deux autres personnages subiront les assauts du tueur, laissant la traditionnelle survivante affronter son bourreau lors de la seconde partie du métrage.
L'entame du métrage restera classique mais parfois efficace pour avancer l'assassin en utilisant parfaitement les codes du genre pour faire monter une petite tension, mais cela restera bénin par rapport aux séquences tendues efficaces malgré un air de déjà-vu qui agrémenteront la suite du film pour suivre cette partie de cache-cache entre le meurtrier et sa proie. Et si hélas l'intrigue connaîtra alors une baisse de rythme certaine (la poursuite dans la forêt, le monologue du tueur), ce sera pour mieux rebondir vers ce final définitivement surprenant, souriant et caustique clôturé par une dernière séquence certes classique mais volontaire et bien agencée.
Le réalisateur aura largement puisé dans sa culture du genre pour alimenter les rebondissements du film, avec des références évidentes aux classiques du genre, entre ce jeune suspendu à un crochet de boucher directement hérité de "Massacre à la tronçonneuse", les arrières-plans servant le suspense qui feront invariablement penser au premier "Halloween" ou encore cet abattage de porte à la hache digne de "Shining", tandis que la présentation rappellera ouvertement celle d'"Evil dead" et que mêmes les meurtres serviront de clins d'œil aux amateurs de "slasher", mais aussi de "giallo" avec cette scène en hommage direct et bien évidemment attendu au "Torso" de Sergio Martino lors de l'épisode de la clé.
Mais au-delà de ces références, le métrage arrivera à avoir une vie propre pour ne pas se contenter d'accumuler ces hommages divers grâce à un second degré souriant, bien présent lors de la première moitié du film pour ensuite doucement s'estomper au profit d'une tension parfois sévère avant de revenir en force lors de la partie finale.
Les personnages abonderont dans ce sens, avec ces jeunes insouciants guère futés et même passablement mais volontairement stupides qui seront tout de suite catalogués pour déjà laisser deviner qui va survivre, tandis que l'assassin s'il n'offrira qu'un charisme très limité, arrivera à étonner par ses apparitions et son air détaché troublant, hélas quelque peu plombé par une volonté explicative foireuse. L'interprétation qui en découlera sera cohérente, peuplée de personnages dynamiques et désinvoltes qui rempliront leur office de victime sans forcer le ton. La mise en scène du jeune réalisateur est prometteuse, vive, déconcertante dans ses travellings parfaitement maîtrisés parcourant le chalet ou encore dans ses angles de prises de vue originaux, cette mise en scène participant largement à la réussite globale de l'ensemble.
Les quelques petits effets spéciaux sanglants resteront simplistes mais quand même volontaires et quelque peu graphiques.
Donc, ce "Meurtres" s'avérera être largement agréable à suivre, débordant de bonne volonté et laissant l'amour du genre de son auteur transparaître à chaque image et à chaque parcelle de suspense !
|