Avant la mode récente des biopics, on osait à peine toucher à ce genre au risque de ne pas attirer les foules au cinéma. Milos Forman partait avec une très forte a priori lorsqu’il devait assister au spectacle Amadeus, une pièce de théâtre, écrite par Peter Shaffer.
La grande trouvaille de cette pièce fut de raconter la vie de Mozart mais à travers les confessions d’un compositeur oublié, Salieri qui était le compositeur officiel de la cour d’Autriche.
C’est ainsi que Milos Forman décida en 1984 d’en faire un film, avec Peter Shaffer en tant que scénariste.
Le film commence avec un Salieri (F.Murray Abraham) vieux, aigri qui se confesse devant un homme d’église et raconte toute son histoire et sa rencontre avec Mozart (Tom Hulce).
On apprend que cet homme, passionné par la musique, à eu une enfance difficile, avec un père qui refusait qu’il devienne musicien, tandis qu’au même moment Mozart du haut de ses 4 ans créait son premier concerto encouragé par son père. Très vite Salieri à force de travail est devenu le compositeur officiel de la cour et mena une vie plaisante au coté de l’empereur Joseph. Jusqu’au jour où Mozart s’installa à Vienne.
On pourrait s’attendre, à voir un personnage très sérieux un véritable génie, comme on se l’imagine dans les images d’Épinal, bien au contraire, Mozart apparaît comme un personnage excentrique, sûr de lui, quelque peu vulgaire, aimant les plaisirs de la vie, allant jusqu’à s’endetter.
C’est ainsi que Salieri, qui constate à fur et à mesure que Mozart est un véritable génie de la musique, capable de composer en une fois sans rature, qui se distingue de tout ce qui a été créé avant par son coté non académique et qui ose des choses grâce à son talent, devient de plus en plus aigri et jaloux. Lui qui a voué sa vie à Dieu en faisant vœux de chasteté, il ne peut admettre qu’un jeune homme vulgaire qui aime le plaisir de la chair et les fêtes dégradantes, puissent produire une musique aussi merveilleuse.
Bien que Salieri et Mozart soient opposés, paradoxalement ils se retrouvent dans la passion de la musique, Salieri est émerveillé par la musique de Mozart et souffre d’un sentiment d’infériorité, ils sont tous les deux orgueilleux et sûr d’eux, et leur rapport envers leurs pères par certains points sont comparables.
Bien que ce film dure près de trois heures, on ne voit pas le temps passé, en plus d’être un film romancé sur la vie de Mozart, c’est également un film qui fait réfléchir sur la jalousie et les relations complexe entre humain.
Cette confrontation entre ces deux compositeurs, en fait un grand film, tous les acteurs maîtrisent leur rôle à la perfection, F.Murray Abraham, obtiendra un Oscar sur un film qui en comptera huit.
La scène finale, où les deux compositeurs sont face à face, où Salieri se retrouve également face à ses limites, est anthologique, c’est l’une des plus belles scènes de l’histoire du cinéma, clôturant le film de façon magistrale.
La version rallongée de 20 minutes, apporte un certain plus, on y voit un Mozart humilié, se rabaissant à demander de l’argent, un peu à n’importe qui. On y voit également un Salieri n’arrivant jamais à sortir de son schéma de vie, même s’il est tenté, il vit par procuration.
On comprend d’ailleurs très vite que Salieri ne pourra jamais égaler Mozart car il oublie de vivre, comment pourrait-il donner de la vie à sa musique sans vivre, sans connaître la passion ?
Un film passionnant, captivant qui a fait redécouvrir l’œuvre de Mozart à toute une génération. Ce film plaira autant à des fans de musiques classiques que les autres, c’est très loin d’être un film élitiste.
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