Malgré son titre accrocheur et quelque peu racoleur, ce "Tortured" ne sera pas un Nième "torture-flick" au sens propre du terme pour laisser l'intrigue policière dominer les débats, avec un résultat certes ayant au moins le mérite d'être plutôt captivant mais pêchant pas un manque d'originalité flagrant et des invraisemblances de taille, notamment dans le twist final franchement peu crédible.
Le script va suivre un agent du F.B.I. infiltré dans un gang mafieux très puissant dans l'espoir de pouvoir enfin coincer leur chef, mais pour l'instant, sa mission au sein de cette organisation sera de faire avouer un détournement d'argent à un comptable, en le torturant si besoin.
Le métrage va tout de suite lancer son action pour mettre en scène Kevin, un homme se rendant dans un pavillon où l'attendent trois malfrats avec qui il va discuter un moment avant de se rendre dans une pièce scellée où il va découvrir un homme attaché, Archie Green, comptable pour le patron de Kevin, Ziggy, un puissant mafieux guère enthousiasmé par la disparition de dix millions de dollars de ses comptes et soupçonnant Green d'être l'auteur de ce détournement de fonds.
Mais rapidement l'intrigue va nous faire découvrir le vrai visage de Kevin, celui-ci étant en fait un agent du F.B.I. chargé d'infiltrer l'organisation de Ziggy que nous allons aussi bien retrouver lors de flashbacks évoquant son apprentissage douloureux au sein de l'organisation de Ziggy que lors de ses comptes-rendus à ses supérieurs hiérarchiques au F.B.I. et notamment à son père responsable du Bureau et enfin dans sa vie privée avec la douce Becky, sa petite amie. Devant le peu d'informations délivrées par green, Kevin va devoir commencer à faire subir à celui-ci différentes tortures pour espérer le faire parler et aussi pour garder la confiance de Ziggy, puisque tout ce qui se passe dans la chambre des tortures est filmé. Mais bien entendu, ces actes abominables en désaccord avec sa fonction d'agent du F.B.I. vont créer chez Kevin un problème de conscience, surtout que les révélations sur cette organisation vont commencer à tomber.
Donc, malgré ce titre et des visuels lorgnant largement du côté des "Saw" et consorts, le métrage ne s'attardera pas franchement sur les scènes de torture proprement dites pour ainsi demeurer très soft au niveau gore (avec juste quelques rapides plans d'arrachage d'ongles) pour privilégier l'intrigue en elle-même et ses nombreuses ramifications, entre l'initiation perverse et brutale de Kevin au sein de l'organisation de Ziggy qui sera contée en flashbacks venant régulièrement se mêler à la narration jusqu'à parfois avoir tendance à embrouiller le spectateur dans les différentes époques de déroulement de l'intrigue, la relation étrange qui va s'installer entre Kevin et Green, et bien sûr l'autre relation, celle de Kevin avec son père responsable hiérarchique qui sera lui aussi bien impliqué dans cette affaire. Ces différentes sous-intrigues permettront au métrage de toujours pouvoir rebondir de l'une à l'autre pour garder un rythme vif et avancer des retournements de situations et autres découvertes se voulant cruciales et imaginatives, mais qui resteront la plupart du temps prévisibles et grossières, jusqu'à ce twist final bidon et d'une crédibilité vraiment plus qu'aléatoire qui ne viendra pas relever le niveau global du métrage. Car en plus de ces effets d'annonce globalement peu glorieux, des invraisemblances grossières viendront endeuiller l'intrigue, telle cette capacité de Kevin, pourtant infiltré et ayant changé d'identité pour cela, de se montrer au siège du F.B.I. ou lors d'une soirée mondaine en compagnie de son père, sans craindre le moins du monde d'être démasqué.
Mais cela n'empêchera pas pour autant à l'ensemble de se suivre sans difficulté, avec même un semblant d'implication dans la recherche de la vérité et du rôle joué par chacun des personnages dans cette affaire qui s'alourdira quand même de quelques développements inutiles (le transport de drogue via ces cercueils et la sous-intrigue liée au transfert d'aéroport par exemple, ou encore les liens unissant Kevin et sa petite amie se dégradant fortement jusqu'à la rupture) tout en essayant d'être un minimum graphique lors des temps forts du film et en avançant ce mystérieux Ziggy, cousin éloigné du Kaiser Soze d'"Usual suspects" en plus brutal et machiavélique.
L'interprétation sera ici plutôt convaincante, grâce à Laurence Fishburne à l'aise dans le rôle de ce Green torturé, victime de sévices parfois originaux, tandis que James Cromwell assurera en partie le spectacle pour un second rôle croustillant, laissant ainsi le peu de charisme de Cole Hauser dans le rôle principal passer presque inaperçu. La mise en scène du réalisateur est assez efficace pour donner du rythme à l'ensemble tout en demeurant classique. Les quelques petits effets spéciaux sont probants, mais on voit bien que le réalisateur n'a guère été attiré par cet aspect du métrage.
Donc, ce "Tortured" se suivra facilement et captivera un minimum, mais demeurera prévisible et pas franchement original pour ainsi tomber très vite dans l'oubli !
|