Ayant jusque là œuvré dans le cinéma horrifique avec le premier "Saw" et "Death silence", le réalisateur James Wan s'en éloigne avec ce "Death sentence" qui verse dans le "vigilante movie" pur et dur, tout en attachant une importance prépondérante à ses personnages pour un résultat nihiliste et désespéré qui vient fracasser toute morale pour laisser exploser une violence parfois très sanglante étrangement jouissive dans un tel contexte.
Le script suit la déchéance d'un père de famille bourgeois qui, après le meurtre gratuit de son fils par une bande de voyous, va décider de se venger, sans prendre conscience qu'il va ainsi déclencher une véritable guerre dont personne ne sortira indemne, loin de là…
Après un générique sous forme d'album de famille avec ces images tournées en "super 8" suivant les temps forts de cette famille qui verra ainsi grandir ses deux enfants, le métrage va s'attacher à nous présenter plus amplement les membres de cette famille bourgeoise sans histoire dont Nick, le père occupe une place de choix dans une compagnie d'assurances, tandis que la mère s'occupe de ses deux adolescents de fils, ceux-ci passant leur temps à se chamailler gentiment, tandis que le métrage laissera pointer une certaine préférence des parents pour Brendan l'aîné, sportif accompli et vedette de son équipe de hockey sur glace. Et ce sera justement au retour d'un match triomphant pour Brendan que lui et son père vont devoir faire un arrêt dans une station-service d'un quartier plutôt mal famé de la ville. Bien mal leur en prendra car les membres d'un gang, aperçus un peu plus tôt au volant de leurs voitures (et laissant ainsi déjà planer ce sentiment de menace persistant et inquiétant) ne vont pas tarder à faire irruption pour braquer le pompiste, qui va se faire abattre tandis que, dans une sorte d'initiation, le chef présumé du gang va demander à un de ses acolytes de tuer Brendan, ce qui sera fait puisque le jeune homme finira égorgé avant que les malfaiteurs s'enfuient, laissant juste le temps à Nick d'intercepter le tueur de son fils et de lui enlever sa cagoule, dévoilant de la sorte son visage.
Bien entendu, Brendan succombera et le jeune meurtrier, arrêté et n'ayant que le témoignage de Nick contre lui, finira par être libéré, grâce à Nick qui reviendra sur ses déclarations premières à la stupeur des policiers, mais dans le but avéré de pouvoir se venger directement et plus puissamment que la peine de quelques années de prison prédite par la justice. Et en effet, Nick va suivre l'assassin de son fils et de façon presque involontaire (l'intrigue restera quand même floue à ce niveau-là !) va le tuer en voulant le corriger violemment. Mais Nick ne pensera pas qu'il a été vu par la sœur d'un autre membre du gang qui ne va pas traîner pour le reconnaître, déclenchant une véritable vendetta violente et mortelle contre lui.
Ensuite l'intrigue va laisser la situation se dégrader de façon implacable et inéluctable, réservant au passage au spectateur quelques surprises funestes dans cet affrontement à mort que vont se livrer Nick et les membres du gang en question.
Bien sûr, le métrage comportera quelques moments de bravoure démentiels (avec notamment une incroyable course-poursuite dans les ruelles de la ville puis dans un parking à étages et quelques gunfights sanglants mémorables jusqu'au duel final) qui seront terriblement jouissifs dans leur exécution parfaite et violente, emmenés par la caméra survoltée de James Wan qui plongera le spectateur au cœur de l'action, mais l'intrigue puisera également sa force dans l'importance prise par les différents personnages, et bien entendu Nick le premier, celui-ci devenant d'abord attachant avant de voir une identification symbiotique s'opérer au fur et à mesure qu'il va s'engouffrer dans la violence de la vengeance, même lors du dernier acte où il finira par presque ressembler à ses proies, ce que fera d'ailleurs judicieusement remarquer à un moment le chef du gang, mais de manière peut-être trop facile et directe. Mais même au-delà du personnage principal, les autres protagonistes prendront toute leur importance, nous laissant au fur et à mesure du déroulement des événements découvrir certains liens qui ne feront que renforcer l'impact de la sauvagerie véhiculée à l'intérieur du film, tout en la justifiant presque en partie, sans que cela n'empêche certaines situations d'être bien immorales, tandis que d'autres laisseront clairement éclater les sentiments douloureux ressentis par Nick.
Et James Wan ne s'attardera presque jamais à chercher à juger ses protagonistes en ne cherchant pas à laisser filtrer une quelconque morale prônant ou fustigeant l'auto-défense ou la justice expéditive pour laisser les rebondissements s'articuler dans une spirale infernale et jusqu'au-boutiste, gangrenée par une certaine folie qui s'emparera de Nick qui de sa volonté primaire de venger son fils va se retrouver embarquer dans une situation qui lui échappera complètement et qu'il n'avait bien entendu pas prévu, et c'est définitivement dépassé par les événements qui va pouvoir s'appesantir sur les conséquences de ses actes, pris qu'il sera dans l'engrenage de la violence.
L'interprétation viendra encore donner de l'impact à l'ensemble, avec un Kevin Bacon impeccable dans sa transformation de citoyen rangé en bête sanguinaire et assoiffée de vengeance, tandis que la mise en scène de James Wan sera largement efficace, en collant de près à l'action tout en donnant un rythme très vif au métrage. Les quelques effets spéciaux sanglants du film seront eux aussi probants en versant dans un gore brut et direct, mais toujours réaliste.
Donc, ce "Death sentence" sera un véritable choc d'une violence brute terrible au service d'une intrigue certes classique en apparence mais parvenant à réserver des surprises à son spectateur, tout en se parant de temps forts époustouflants !
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