Nous assistons pendant 90 minutes à une satyre de la télé-réalité, la mise en chantier d'un improbable jeu de roulette russe qui s'appuie sur un gros travers de l'humain: le voyeurisme.
On nous ressert la méthode d'un film dans le film façon cloverfield, heureusement en caméra plus stabilisée, pour donner un effet reportage qui ne s'imposait pas vraiment. Il faut s'armer d'une énorme patience afin d'absorber les interminables 60 minutes de l'évolution du projet et l'obstination d'Eva Mendes pour son aboutissement, tant sa soif d'une reconnaissance médiatique frise l'obsession. On reste bien sûr très sceptique dans la facilité à faire tomber les obstacles, non pas que le concept ne trouverait pas de public, il suffit de voir les stats des mini-films très gores (type otages egorgés) regardés sur internet . Mais le réalisateur joue dans la facilité en évitant soigneusement la confrontation de l'avocat maison face à la CSA. Cela dit, une fois la mécanique enclenchée, l'émission représentant la deuxième partie du film joue parfaitement avec cet antagonisme qui nous est si propre, voyeurisme et dégoût. A chaque joueur qui présente l'arme sur sa tempe, on se met à trembler pour le candidat tout en ne perdant pas bien évidemment une miette. Touché ! Sur ce point Bill Guttentag fait mouche et le message un peu lourd est passé. Des mises en garde du même type ont déjà été traitées dans le passé avec notamment le prix du danger et son remake américain Running Man dirigé par paul michael glaser que l'on retrouve ici comme président de la chaîne, visiblement le sujet semble le toucher. Eva Mendès qui porte complètement le film sur ses épaules tient très bien la route, tout d'abord exécrable en "rayeuse de parquet" elle réussit presque à nous bouleverser avec son regard d'effroi, consciente qu'à chaque tentative des candidats, elle porte la responsabilité d'une mort certaine.
Avec un épilogue tiré par les cheveux et pas seulement par une arme, on reste sur sa faim, surtout sur un thème aussi grave de la dérive des images imposées par les médias à l'insu de notre plein gré. Je ne dévoile pas la fin pour garder tout l'intérêt du divertissement, pardon "de l'émission"...
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