“Vertigo” fait partie des 10 meilleurs films de l’histoire du cinéma selon un vote réalisé cette année (2002) auprès de critiques et cinéastes anglo-saxons. Il est ausi le meilleur film du maître Hitchcock, son film testament (22 ans avant sa mort !), où il se met totalement à nu, car il met en lumière toutes ses obsessions, ses angoisses et son génie (les blondes, la mort, le suspense, le vertige, etc…).
“Vertigo” est un film qui comprend de multiples degrés de lecture : au 1er degré, c’est un excellent film policier mais si on creuse un peu, on s’aperçoit des incohérences de cette interprétation “primaire”. En fait, le film prend le point de vue du héros (James Stewart) et mélange ses rêves et la réalité à un point tel que, à chaque scène du film, on devrait se demander : “la scène que je vois est-elle un rêve de James Stewart ou la réalité ?”. En fonction de la réponse qu’on donne (et on est libre de donner celle qu’on veut), l’interprétation du film peut prendre de multiples directions, à la manière d’un film de Lynch (“Lost Highway” ou “Mulholland Drive” en particulier) qui s’est visiblement beaucoup inspiré du maître. En partant de ce postulat de bas (rêve ou réalité ?), chaque vision de “Vertigo” apporte quelque chose de nouveau, de fascinant et d’envoûtant. A la 10ème vision, je remarque quelque chose que je n’avais pas noté lors des 9 premières visions et toutes les théories élaborées jusqu’alors s’effondrent ! Cette confusion est aussi due à l’interprétation très ambiguë (et très réussie) de Kim Novak qui, sans consignes d’Hitchcock, ne savait pas au départ si les 2 femmes qu’elle devait jouer étaient la même ou non. Hitchcock était malin et avait vu juste : dans ces conditions, chaque scène navigue entre les 2 possibilités puisque Kim Novak elle-même hésite entre ces deux états !
“Vertigo” est également une profonde réflexion sur une infinité de thèmes : la création artistique, la nécrophilie, la manipulation, etc…C’est un film qui a inspiré, consciemment ou inconsciemment, de très nombreux films parmi lesquels, outre les Lynch cités plus haut, “La jetée”, “L’armée des 12 singes”, “Obsession” (remake de De Palma), “Body double”, “Ouvre les yeux”, “L’appartement”, et pleins d’autres encore.
Rajoutez à cela la musique sublime de Bernard Herrmann et vous obtenez le film PARFAIT à tous les points de vue (esthétique, scénario, interprétation, musique,…).
|